Finie la maltraitance du français à la télé !
En tant qu’aîné, je suis d’accord pour qu’on légifère sur la maltraitance envers les aînés, mais que fait-on pour protéger la langue française qui est notre doyenne à tous? Le français est établi au Canada depuis 483 ans et à Québec, notre capitale nationale, depuis 409 ans. En 1977, le gouvernement de René Lévesque a fait un premier pas pour le protéger en promulguant la loi 101.
Si la loi 101 protège le français contre les assauts de l’anglais, elle ne fait rien pour protéger notre vieille langue contre les coups répétés des Québécois francophones euxmêmes. Ce sont eux qui sont en train de l’achever. D’ici à une génération ou deux, ils en seront venus à bout à coups de spectacles d’humour, de galas juste pour rire, de téléromans, de films et d’émissions de télévision. Sans compter les moqueries à l’endroit des quelques résistants qui lui prodiguent encore d’ultimes soins.
Au train où vont les choses, notre français rendra bientôt l’âme dans l’indifférence générale. Depuis 1961, nous avons une police de la langue (l’Office québécois de la langue française), mais elle est inefficace. Elle ferme maintenant les yeux sur toutes les infractions. Presque tous ceux que l’Office a eu l’audace d’incriminer ont été blanchis par la charte des droits ou Me Julius Grey.
LE PROCHAIN CHEF CONSERVATEUR
Dans l’édition du Journal d’hier, j’ai lu que deux experts de la langue avaient tendu leurs oreilles universitaires aux propos des 13 candidats qui souhaitent devenir chef du parti conservateur. Vous n’en croirez pas vos oreilles, mais Maxime Bernier et Steven Blaney ont obtenu une note de passage parfaite de la part des deux savants professeurs. C’est vous dire où en sont rendus nos critères.
Pour que le projet de loi sur la maltraitance du français soit efficace, il faut d’abord créer un camp de rééducation. Y séjourneraient obligatoirement tous les lecteurs de nouvelles, les animateurs et chroniqueurs de radio et de télé ainsi que tous les candidats à un poste électif. Comme preuve de sa bonne foi, Bernard «Rambo» Gauthier a déclaré qu’il sera le premier à s’y inscrire.
Une des divisions du camp sera consacrée uniquement à l’apprentissage des liaisons phonétiques, cette action qui consiste à prononcer deux mots consécutifs en unissant la consonne finale du premier mot à la voyelle initiale du mot suivant. Cet art du discours est disparu depuis le siècle dernier, en particulier chez les lecteurs de nouvelles et les reporters de la télé.
RÉÉDUCATION DES HUMORISTES
Le projet de loi prévoit aussi un camp de rééducation spécial pour les humoristes et les scénaristes à qui on attribue les pires dégradations de la langue. Ils y apprendront, par exemple, comment remplacer par des mots usuels les jurons, les sacres et les blasphèmes sans lesquels ils sont devenus incapables d’exprimer l’émotion et la colère. Si le projet de loi est adopté, Mike Ward, François Avard, Peter McLeod et même Guy A. Lepage ont annoncé qu’ils quitteraient le Québec.
À Radio-Canada, on ne s’émeut pas outre mesure, même si le diffuseur public risque d’être plus affecté que tout autre par l’adoption de la loi. La direction a déclaré qu’en sa qualité d’organisme fédéral, Radio-Canada n’a pas à se soumettre à une loi provinciale.
TÉLÉPENSÉE DU JOUR
Sam Hamad a déclaré que les libéraux n’ont peut-être pas inventé «les boutons à quatre roues», mais qu’ils sauveront la langue française!