Et puis, le fatbike ?
Fini le temps où les fatbikes, ces mastodontes à deux roues, intimidaient les organisations et autres utilisateurs des sentiers. État de la situation en 2017.
Hiver 2015, Éric Léonard, coordonnateur provincial de l’International Mountain Bicycling Association (IMBA) Canada, m’encadre dans mon initiation au fatbike (mégavélo, vélo balloune ou vélo aux pneus surdimensionnés n’ont pas gagné la course dans le jargon populaire). Ce qui me surprend le plus, après l’aisance avec laquelle on manie la bête dans les sentiers en quelques minutes, c’est toute l’attention de curieux qu’on y reçoit. Deux spécimens d’un sport dans ses balbutiements.
D’HIER À AUJOURD’HUI
«À l’époque….», commence Éric Léonard, avant de se rendre compte du ridicule de la formulation. Il faut dire que bien que cela fasse à peine deux ans qu’on ait échangé sur le sujet, il y a eu bien des coups de pédales depuis.
«Il y a deux ans, dit-il, on travaillait fort pour faire connaître le sport et rassurer les municipalités. Aujourd’hui, non seulement toutes les villes connaissent le fatbike, mais elles ont adapté leur réseau de sentiers pour plaire à ses utilisateurs. »
C’est que le fatbike se pratique en général sur des sentiers damés et multifonctionnels, partagés avec les randonneurs et les skieurs. Pour y croire, il faut s’enlever l’image du cycliste de route qui défile à vive allure. En sentier, la vitesse de croisière des fatbikes rejoint celle des skieurs, voire des marcheurs. La cohabitation se passe ainsi assez bien, surtout si chaque sportif respecte la politique sur les sentiers. N’exigeant pas des sentiers dédiés, le fatbike est ainsi particulièrement attrayant pour les organisations. Surtout, le sport n’est pas capricieux en condition de neige.
FATBIKE POUR TOUS
«Si ce n’est pas beau pour le ski ou la raquette, ce l’est probablement en fatbike», résume Éric Léonard.
Bien que les fabricants aient élargi leur catalogue de vélo pour offrir une entrée de gamme plus abordable qu’il y a deux ans, le prix de la monture reste le frein principal à sa démocratisation. Il est toutefois aujourd’hui plus aisé de s’initier, la location des vélos fatbike n’étant plus réservée aux magasins spécialisés. Cette option est privilégiée par bien des adeptes, dont Francis Tétrault, chargé de projet à Vélo Québec. «On n’a pas d’investissement important à faire ni de vélo à trimballer et à entretenir. On le loue pour une, deux ou quatre heures quelques fois dans la saison et on s’assure d’avoir une belle journée», mentionne Tétrault. Certains fabricants ont aussi commercialisé des modèles de 20 pouces (ou plus), qui peuvent être adoptés par les enfants dès 6 ans. «Ce n’est plus que des fanatiques de vélo de montagne qui se lancent dans le fatbike. On peut maintenant voir des familles sur les sentiers damés. Bébé peut même être dans un chariot sur ski en arrière», donne en exemple Éric Léonard. Et comme le fatbike n’est pas une activité très technique, il est possible de vivre une randonnée agréable dès son initiation. Ceux qui souhaitent dévaler des sentiers étroits et sinueux y trouvent toujours leur compte. «On peut faire le parallèle avec le ski alpin; la majorité recherche des pistes damées bien entretenues et d’autres aiment l’adrénaline des conditions plus marginales», résume Éric. «On a toujours fait du vélo l’hiver en sentier. Avant, c’était en vélo de montagne par quelques mordus. Maintenant, grâce aux fatbikes, c’est beaucoup plus accessible pour tous», partage Francis Tétrault.