Le Journal de Montreal

2 CLINIQUES FERMENT ET 2 PASSENT AU PRIVÉ

L’abolition des frais accessoire­s force des gastro-entérologu­es à fermer leur clinique, selon une associatio­n

- Dominique Scali DScaliJDM dominique.scali@quebecorme­dia.com 514.599.5888 8061

Deux cliniques de gastroenté­rologie de la région de Montréal vont mettre la clé dans la porte et deux autres vont devenir privées d’ici la fin du mois en raison de l’abolition des frais accessoire­s.

«Certains patients ont pleuré [en apprenant la nouvelle]. Il y en a que je suis depuis longtemps. Je trouve ça triste», avoue avec une pointe d’émotion à peine contenue le Dr Yvon Giroux, 73 ans, de la Clinique de gastro-entérologi­e et d’endoscopie de Laval, qui fermera le 31 janvier.

Ce cabinet fait partie des quatre cliniques qui quittent le système de santé publique en raison de l’abolition des frais accessoire­s, selon l’Associatio­n des gastro-entérologu­es du Québec (AGQ).

IMPASSE

Actuelleme­nt, plusieurs cabinets de médecins facturent aux patients des frais accessoire­s, c’est-à-dire un montant pour compenser certaines dépenses, comme des gouttes oculaires, par exemple.

C’est le cas de cliniques offrant la coloscopie, consistant à introduire un tube avec caméra par l’anus jusque dans l’intestin afin d’y dénoter des anomalies. Chaque année, le Dr Giroux diagnostiq­uait une cinquantai­ne de cancers du côlon grâce à cette procédure, estime-t-il.

À la clinique de Laval, les spécialist­es du système digestif réalisaien­t quelque 1500 coloscopie­s par an, explique-t-on. La consultati­on et l’acte médical étaient payés par l’ assurance maladie, mais la clinique demandait 540$ aux patients pour couvrir le coût de l’équipement lourd.

Dès le 26 janvier, les médecins n’auront toutefois plus le droit d’exiger ces frais. La Fédération des médecins spécialist­es du Québec (FMSQ) est actuelleme­nt en négociatio­ns avec le ministre Gaétan Barrette (voir autre texte) sur la façon de compenser cette abolition.

Or, les gastro-entérologu­es ont peu d’espoir de voir une entente qui leur permettrai­t de continuer à faire des coloscopie­s en dehors des hôpitaux, explique Josée Parent, présidente de l’AGQ. Estimant qu’elles seront dans le rouge, des cliniques choisissen­t donc de quitter le public.

RISQUE DE CANCER

Or, le Dr Giroux a plusieurs fois diagnostiq­ué des cancers du côlon à des patients qui étaient sur une liste d’attente de plus d’un an dans un hôpital, une période pendant laquelle une tumeur peut se développer, dit-il.

Le spécialist­e songe maintenant à prendre sa retraite ou à se joindre à un cabinet entièremen­t privé.

Ni le propriétai­re de la clinique de Laval ni aucun autre propriétai­re de clinique de gastro-entérologi­e n’ont rendu nos appels.

« JE VAIS M’ENNUYER DE MA CLIENTÈLE, MAIS IL FAUT ÊTRE RÉALISTE » – Dr Yvon Giroux

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Le Dr Yvon Giroux, dont la clinique de Laval va fermer, estime diagnostiq­uer chaque année une cinquantai­ne de cancers du côlon.
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