2 CLINIQUES FERMENT ET 2 PASSENT AU PRIVÉ
L’abolition des frais accessoires force des gastro-entérologues à fermer leur clinique, selon une association
Deux cliniques de gastroentérologie de la région de Montréal vont mettre la clé dans la porte et deux autres vont devenir privées d’ici la fin du mois en raison de l’abolition des frais accessoires.
«Certains patients ont pleuré [en apprenant la nouvelle]. Il y en a que je suis depuis longtemps. Je trouve ça triste», avoue avec une pointe d’émotion à peine contenue le Dr Yvon Giroux, 73 ans, de la Clinique de gastro-entérologie et d’endoscopie de Laval, qui fermera le 31 janvier.
Ce cabinet fait partie des quatre cliniques qui quittent le système de santé publique en raison de l’abolition des frais accessoires, selon l’Association des gastro-entérologues du Québec (AGQ).
IMPASSE
Actuellement, plusieurs cabinets de médecins facturent aux patients des frais accessoires, c’est-à-dire un montant pour compenser certaines dépenses, comme des gouttes oculaires, par exemple.
C’est le cas de cliniques offrant la coloscopie, consistant à introduire un tube avec caméra par l’anus jusque dans l’intestin afin d’y dénoter des anomalies. Chaque année, le Dr Giroux diagnostiquait une cinquantaine de cancers du côlon grâce à cette procédure, estime-t-il.
À la clinique de Laval, les spécialistes du système digestif réalisaient quelque 1500 coloscopies par an, explique-t-on. La consultation et l’acte médical étaient payés par l’ assurance maladie, mais la clinique demandait 540$ aux patients pour couvrir le coût de l’équipement lourd.
Dès le 26 janvier, les médecins n’auront toutefois plus le droit d’exiger ces frais. La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) est actuellement en négociations avec le ministre Gaétan Barrette (voir autre texte) sur la façon de compenser cette abolition.
Or, les gastro-entérologues ont peu d’espoir de voir une entente qui leur permettrait de continuer à faire des coloscopies en dehors des hôpitaux, explique Josée Parent, présidente de l’AGQ. Estimant qu’elles seront dans le rouge, des cliniques choisissent donc de quitter le public.
RISQUE DE CANCER
Or, le Dr Giroux a plusieurs fois diagnostiqué des cancers du côlon à des patients qui étaient sur une liste d’attente de plus d’un an dans un hôpital, une période pendant laquelle une tumeur peut se développer, dit-il.
Le spécialiste songe maintenant à prendre sa retraite ou à se joindre à un cabinet entièrement privé.
Ni le propriétaire de la clinique de Laval ni aucun autre propriétaire de clinique de gastro-entérologie n’ont rendu nos appels.
« JE VAIS M’ENNUYER DE MA CLIENTÈLE, MAIS IL FAUT ÊTRE RÉALISTE » – Dr Yvon Giroux