Pour la suite des choses
La franchise avec laquelle Françoise David explique son départ de la politique l’honore. Se confiant d’une fatigue inquiétante, à 69 ans, la députée de Québec solidaire rappelle les dangers d’en faire trop au détriment de sa propre santé.
Pour ou contre sa vision politique, son héritage comme élue mérite d’être salué. À l’instar de sa collègue Véronique Hivon du Parti québécois, Mme David n’a jamais hésité à transcender les frontières partisanes lorsque le bien-être des plus vulnérables est en jeu.
En ces temps moroses et austères, son féminisme pleinement assumé et son parti-pris pour les sans-voix étaient essentiels. Combative, sa manière apaisante de débattre sans effets de toge contribuait à redonner ses lettres de noblesse à la fonction mal nommée de «simple» député.
QUITTER LA TABLE
Rares sont les politiciens capables de quitter la table au bon moment pour leur formation politique. Même s’il est précipité par des raisons de santé, le choix de Mme David d’annoncer sa retraite à mi-mandat témoigne de son instinct politique.
Pour QS, la perte est majeure, mais à moins de deux ans de la prochaine élection, son geste dégage suffisamment de temps pour enclencher un renouveau nécessaire. Après 11 ans d’existence et trois députés, QS plafonne à 10 % dans les sondages. Confiné à la grande région montréalaise, il doit tenter d’élargir sa base en régions.
En libérant la circonscription de Gouin, Mme David permet également l’arrivée plus rapide d’une nouvelle voix forte chez QS. Nommée porte-parole parlementaire par intérim, la députée Manon Massé profitera aussi d’une visibilité accrue.
Un autre départ anticipé, celui du député Amir Khadir, semble être écarté pour le moment. Ce qui n’enlève rien à l’urgence pour QS de recruter de nouvelles têtes d’affiche.
Le nom de Gabriel Nadeau-Dubois circule. S’il décidait de sauter dans l’arène, nul doute que la candidature de l’ex-leader étudiant serait une prise de taille pour les solidaires.
MYSTÉRIEUSE CONVERGENCE
Renouveau ou pas, le mystère entourant une éventuelle convergence entre le PQ et QS plane toujours. En cette année préélectorale et aux prises avec un électorat francophone fractionné, le temps court.
Face à la machine libérale, est-il encore possible d’envisager une forme ou autre d’alliance stratégique entre les deux partis souverainistes?
En réaction au départ de Françoise David, le chef péquiste Jean-François Lisée jurait hier que son parti est en «mode dialogue et solution». Cet automne, les militants de QS y ont également ouvert la porte.
Si la démission de Mme David devait affaiblir QS dans les sondages, son attrait pour le PQ s’étiolerait. Or, les sondages sont changeants. C’est pourquoi la vraie question est ailleurs.
Au-delà de leurs intérêts partisans respectifs qui, à première vue, paraissent irréconciliables, le PQ et QS veulent-ils vraiment de cette convergence? Pour la suite des choses, ontils la volonté suffisante pour briser leurs propres résistances?
Si la réponse est non, qu’ils enterrent le sujet. Si c’est oui, les deux formations doivent presser le pas et trouver des voies de passage. Point.