J’exige une enquête sur les enquêtes
Une autre enquête a été annoncée hier. La commissaire aux langues officielles du Canada a reçu des plaintes concernant la réponse en français à la question en anglais d’une anglophone à Sherbrooke. Le bureau de la commissaire a donc confirmé officiellement l’ouverture d’une enquête.
Pardon? Une enquête? Pour découvrir quel mystère caché? Question posée en anglais, réponse en français. La salle était pleine de témoins qui ont tous vu et entendu la même chose, en plus des caméras. Le premier ministre a luimême admis son erreur. Les anglophones et les francophones ont placoté du sujet dans les lignes ouvertes. Que peut-on déterrer de supplémentaire?
Dans les gouvernements, les enquêtes sont à la mode. Au point de friser le ridicule. Dans ce cas-ci, quelles pourront être les conclusions de la commissaire aux langues officielles? Justin Trudeau est impoli? Il a fait une erreur de jugement? Il l’a déjà admis. Il n’est pas gentil?
À ce compte-là, ne devrait-on pas instituer une enquête permanente contre tous les ministres unilingues anglophones qui par la force des choses répondent toujours en anglais?
SANCTION ?
Et quelle sera la sanction contre le premier ministre Trudeau advenant que cette supposée enquête conclue à une faute? On le gronde en anglais? Tape sur les doigts? Une journée à la Chambre des communes avec le bonnet d’âne?
Cette enquête est une farce. J’en parle parce que la multiplication du nombre d’enquêtes est frappante. Lorsqu’un reportage a mis Sam Hamad sur la sellette, pas moins de quatre enquêtes furent déclenchées. Le commissaire à l’éthique, le commissaire au lobbyisme, le DGE et le vérificateur général.
Bien sûr, chacun de ces organismes regarde son aspect du problème, mais l’impression pour le public, c’est qu’au gouvernement, on fait des enquêtes à la pelletée. Finalement, aucune de ces enquêtes n’aboutit à des conclusions qui condamnent le ministre. La seule sanction vient du premier ministre qui lui a retiré son poste de ministre.
TOUS PIÉGÉS !
D’ailleurs, dans cette farce que sont devenues les enquêtes lancées à répétition, tout le monde est piégé. La personne enquêtée étant un politicien, un haut fonctionnaire ou un employé politique, elle est condamnée d’avance dans l’opinion publique. Si l’enquête blanchit la personne, le public désabusé y verra la preuve que l’organisme est bidon et que tout ce beau monde se protège.
Les demandes d’enquêtes multiples coûtent cher, mais font des heureux. Le politicien balaie la crise par en avant. Les médias viennent de gagner cinq jours de nouvelles croustillantes: le déclenchement de l’enquête, les réactions au déclenchement, les détails de l’enquête, les conclusions de l’enquête, puis les réactions aux dites conclusions. Du bonbon!
Le drame, c’est qu’à multiplier les enquêtes qui ne mènent à rien, nous venons à ne plus prendre au sérieux le réel travail d’enquête nécessaire lorsque survient une situation grave et complexe.
L’autre drame, c’est que cela crée un bruit de fond indiquant que notre classe politique vit constamment sous des enquêtes. Et la population y trouve sa confirmation que tout doit être pourri.