Incapable de lui pardonner
La soeur d’une victime souhaite qu’on retire au présumé chauffard son permis de conduire
Incapable de pardonner au présumé chauffard qui a fauché la vie de trois personnes, dont son frère, Louise Charlebois a assisté avec émotion, hier, au retour en cour de l'homme de 33 ans accusé de négligence criminelle.
«Ça va prendre combien de morts pour qu’on lui enlève son permis à vie?» a lancé la Montréalaise, les larmes aux yeux.
Lui, c'est Adam Pimentel, de Mercier, en Montérégie.
On lui reproche d’avoir conduit dangereusement en juillet 2015 et d'avoir causé un tragique accident sur la route 221, à Saint-Cyprien-de-Napierville. Son enquête préliminaire s’est amorcée hier au palais de justice de SaintJean-sur-Richelieu.
QUERELLE DE 15 ANS
Les victimes sont Roger Charlebois, sa femme Monique Charlebois et Germaine Ménard, la mère de celle-ci. Ils étaient âgés respectivement de 60 ans, 62 ans et 80 ans.
Si elle est incapable de pardonner à Pimentel, Mme Charlebois n'est pas plus capable de se pardonner à elle-même. Peu avant l’accident mortel, la femme de 60 ans avait repris le contact avec son frère, au terme d’une «chicane» de 15 ans.
«Je regrette tellement, vous n’avez pas idée à quel point, a-t-elle confié. J’en veux tellement à celui qui me l’a arraché. On avait encore tellement de belles choses à vivre.»
La sexagénaire ne croit pas être un jour capable de faire la paix avec elle-même. Submergée par l’émotion, elle a dû sortir de la salle d’audience à certains moments hier.
« SEULE AU MONDE »
Pour sa part, Lynda Faille a non seulement perdu sa mère dans cette tragédie, mais aussi sa soeur et son beau-frère.
«Des fois, je me sens vraiment seule au monde, a-t-elle confié, incapable de cesser de pleurer. Mon fils est mort à cause d’une histoire de vitesse au volant il y a 12 ans et, là, j’en ai perdu encore trois autres. Quand est-ce que ça va arrêter tout ça?»
Mais la femme souhaite pardonner au chauffard, parce que «la haine, ça tue à petit feu», at-elle ajouté.
En salle de cour, Mme Faille s’est assise tout près du chauffard présumé. Elle tenait absolument à observer ses réactions. Depuis l’accident, il y a près de deux ans, c’était la première fois qu’elle pleurait.
«J’avais comme un blocage depuis la mort de mon fils, a-t-elle expliqué. Mais quand je lui ai vu la face, j’ai été incapable de me retenir. J’ai fondu en larmes.»
IL SE CACHAIT LE VISAGE
Pimentel, qui est en liberté, s’est présenté au palais de justice avec quelques membres de sa famille.
Près d’une dizaine de témoins ont été entendus par le juge, dont un reconstitutionniste de la Sûreté du Québec. Une ordonnance de nonpublication nous empêche toutefois de révéler ce qui a été raconté.
Pendant presque toute la durée de l’enquête préliminaire, l’accusé s’est couvert le visage avec ses mains tout en regardant au sol.
À certains moments, les proches des victimes ont été incapables de retenir leurs larmes en entendant ce qui était relaté au tribunal.