Qualité des images trompeuse ?
Selon un expert, la vidéo où l’on voit quatre policiers tabasser un suspect donne une impression biaisée
TROIS-RIVIÈRES | La vidéo montrant quatre policiers en train de frapper Alexis Vadeboncoeur dans le stationnement du cégep de Trois-Rivières est de si piètre qualité qu’elle peut provoquer une perception biaisée des mouvements, selon un expert.
Il ne fait pas de doute que l’enregistrement de l’arrestation d’Alexis Vadeboncoeur est fortement saccadé, ce qui ajoute une impression de vitesse, selon l’expert en acquisition et traitement de signaux informatiques Denis Rancourt.
Sur ces images qui ont fait le tour du monde, on voit Alexis Vadeboncoeur se coucher à plat ventre les bras en croix. Il est ensuite frappé à plusieurs reprises par quatre policiers venus l’arrêter.
Denis Rancourt a témoigné hier au procès des policiers Dominic Pronovost, Kaven Deslauriers, Barbara Provencher et MarcAndré St-Amant, accusés de voies de fait causant des lésions, entrave à la justice, de même que fabrication et utilisation de faux rapports.
Les trois hommes sont également accusés d’utilisation négligente d’une arme à feu et de voies de fait armées.
Pour analyser la preuve vidéo, Denis Rancourt l’a décomposée image par image.
Premier constat: le système que le cégep de Trois-Rivières utilisait le 2février 2013 n’enregistrait que sept images et demie par seconde, soit quatre fois moins qu’à la télévision, où l’oeil est habitué de voir autour de 30 images par seconde.
«Ça vient faire un biais important, parce que l’oeil humain ne voit pas les transitions», a-t-il expliqué.
Les changements entre les images se font quant à elles en 13 millièmes de seconde.
MOUVEMENT PLUS GRAND
L’expert a expliqué qu’un bras peut ainsi sembler faire un grand mouvement en 13millièmes de seconde, le temps de la transition entre l’image A et l’image B, qui elles, sont restées statiques quatre fois plus longtemps que ce à quoi on est habitués.
«Ça a comme conséquence de faire paraître le mouvement comme très rapide», a-t-il dit au juge Steve Magnan, dans le cadre du procès des quatre policiers accusés d’avoir battu gratuitement un suspect lors de son arrestation.
La Couronne, représentée par Me Aryanne Guérin, s’était opposée à ce que le professeur de l’Université de Sherbrooke soit retenu comme expert en acquisition et traitement de signaux informatiques. Elle a rappelé que les témoins avaient tous admis que la vidéo représentait les événements.