Une autre « Liséerie »
En réchauffant le principe de l’achat local maintes fois invoqué par nombre de politiciens, Jean-François Lisée espère projeter l’image vertueuse d’un patriote qui défend l’économie québécoise. Pourtant, la xénophobie économique qu’il exprime est fondamentalement un mensonge antipatriotique.
Pourquoi un mensonge? Parce que sa proposition nuit aux Québécois bien plus qu’elle ne les avantage.
GASPILLAGE
Pensons-y. Si la production locale offrait un rapport qualité-prix compétitif, elle aurait été spontanément préférée aux importations, et voter une loi pour forcer le gouvernement ou les sociétés d’État à l’acheter aurait été inutile. Or, ce que demande M. Lisée, c’est de faire abstraction de l’inefficacité relative de certaines entreprises, et de favoriser les bannières locales quitte à payer plus cher ou à en avoir moins pour son argent. Autrement dit, il s’engage à gaspiller l’argent des contribuables, lesquels supportent déjà un fardeau fiscal écrasant, pour avantager les entreprises incapables de rivaliser avec les firmes étrangères.
M. Lisée rétorquera certainement qu’en privilégiant lesdites entreprises, il les encouragera à améliorer leur compétitivité. Il se trompe. Le patriotisme économique est contre-productif. C’est même un cadeau empoisonné. Pourquoi les entreprises locales s’efforceraientelles d’innover ou d’être plus efficaces si elles n’ont plus de rivales étrangères, et si elles sont assurées d’avoir l’État comme client? Qui sait, peut-être même seront-elles tentées d’augmenter leurs prix!
LE VRAI PATRIOTISME
En bon paléosocialiste, M. Lisée considère que l’injection de fonds publics est une panacée. Pour lui, le favoritisme serait un remède à l’inefficacité. Il n’a pas compris qu’être patriote, ce n’est ni accepter de payer plus cher pour la production locale ni dilapider les fonds publics. Ce n’est pas en achetant par pitié que l’on construit une économie solide et prospère. C’est plutôt en créant un environnement d’affaires peu contraignant afin d’encourager l’effort, l’investissement, l’innovation et la création d’emplois. Mais ne demandons pas au chef du PQ de comprendre cela!