Un violeur comme président
Comment réagiriez-vous si vous appreniez que Guy Cloutier allait présider le prochain gala de l’ADISQ?
Vous seriez horrifiés que cet homme, qui a abusé de Nathalie Simard quand elle n’avait que neuf ans, ait accès à une telle plate-forme, même s’il a été un gérant d’artiste exceptionnel.
Pourtant, en France, on vient d’annoncer que Roman Polanski avait été choisi pour présider la soirée des Césars (les Oscars français).
Polanski est un immense cinéaste. Mais c’est aussi un homme qui, en 1977, alors qu’il était âgé de 44 ans, a drogué et sodomisé, sous ses cris de protestation, une ado de 13 ans.
Demander à Polanski de présider les Césars, c’est comme si, de son vivant, on avait demandé à Claude Jutra, après avoir appris qu’il avait abusé de jeunes garçons, de présider la soirée… des Jutra.
OUI MAIS C’EST UN ARTISTE !
Roman Polanski (le cinéaste de Le bébé de Rosemary, Le
pianiste et Le locataire) est un artiste extrêmement talentueux. Comme Claude Jutra (Mon oncle Antoine) était un excellent réalisateur.
On nous dira sûrement, au sujet de Polanski, qu’il faut séparer l’homme et l’oeuvre.
Mais ce n’est pas un film qui va animer la soirée des Césars, c’est un homme. En chair et en os. Cette même chair qui a agressé une fillette de 13 ans, l’a sodomisée après l’avoir soûlée et droguée, lors d’une soirée à la résidence personnelle de Jack Nicholson.
C’est quand même ironique de voir certains intellectuels qui défendent Polanski. Ils démonisent et diabolisent Donald Trump, mais ils déroulent le tapis rouge pour un violeur de jeune fille. Faut croire que tous les «grabbeurs de pussy» n’ont pas droit à la même défense.
Polanski a fui les États-Unis en 1978 pour échapper à la justice. Ça fait 40 ans que les Américains cherchent à le faire extrader pour qu’il fasse face à la musique. Il fait l’objet d’une «alerte rouge» de la part d’Interpol!
C’est quand même fou. Si Polanski avait commis un vol à main armée dans une banque ou s’il avait fraudé l’impôt, personne ne lui demanderait de présider une remise de prix prestigieux. Mais violer une gamine, bof, «il y a des circonstances atténuantes», disent ses amis.
Parce qu’imaginez-vous, il se trouve des grands intellectuels, en France, qui prennent sa défense. Et qui prétendent qu’il est une victime de la justice américaine, de son acharnement.
PETIT RAPPEL HISTORIQUE
En 2009, Roman Polanski avait été arrêté et emprisonné en Suisse, où un Festival de cinéma devait lui rendre hommage pour l’ensemble de sa carrière. Tous les amis de l’artiste s’étaient offusqués. Dans La
Presse, le chroniqueur Marc Cassivi avait écrit un texte intitulé «Honte à la Suisse» (et non pas «Honte à Polanski»): «Un festival de films devrait être un lieu protégé, au même titre que l’enceinte d’une église. […] L’arrestation de Roman Polanski à Zurich témoigne d’une dérive importante, d’un accroc inquiétant à la liberté d’expression.» Oui, oui, la liberté d’expression. Si Polanski était vendeur de voitures d’occasion, au lieu d’être cinéaste, pensez-vous sérieusement que la Corporation des vendeurs de voitures d’occasion lui demanderait de présider sa soirée de remise de prix? Pensez-vous que quiconque défendrait sa liberté d’expression?