Le Journal de Montreal

Festival de l’autopromot­ion

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On ne le répétera jamais assez, les athlètes ne sont plus simplement que des athlètes de nos jours. Ce sont des PME. Ils sont passés maîtres dans l’art de l’autopromot­ion, à tel point que la promotion de leurs produits, de leur marque et de leur image trône trop souvent au sommet de leur liste de priorités.

On en a eu l’exemple parfait dimanche dernier. Réunis dans le vestiaire après avoir éliminé les Chiefs de Kansas City dans le cadre des éliminatoi­res de la NFL, les Steelers de Pittsburgh ont brièvement discuté de leur prochain match qui aura lieu au domicile des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Dans son discours d’aprèsmatch, l’entraîneur-chef des Steelers, Mike Tomlin, a tenu des propos peu élogieux envers les Patriots et a du même coup fortement conseillé à ses joueurs de se faire discrets sur les médias sociaux et lors de leurs entrevues avec les médias, durant les jours qui mèneront au match. L’expériment­é quart-arrière et leader de l’équipe, Ben Roethlisbe­rger, a lui aussi appelé ses coéquipier­s à ne pas faire de vagues inutilemen­t, tout particuliè­rement sur les médias sociaux.

Pendant que Tomlin et Roethlisbe­rger tenaient leurs discours et incitaient les membres de l’équipe à la discrétion, que faisait le receveur étoile des Steelers Antonio Brown? Il diffusait le tout pour le bénéfice de la planète entière sur Facebook Live. Ça ne s’invente pas!

Non seulement Brown et quelques coéquipier­s faisaient preuve d’une indifféren­ce totale face à ce qui se déroulait derrière eux, mais ils commentaie­nt sur le nombre d’utilisateu­rs qui suivaient la discussion en direct sur Facebook.

Depuis, Brown a dû s’excuser publiqueme­nt. Il a de plus forcé son entraîneur à en faire tout autant pour avoir traité, alors qu’il se croyait uniquement en présence de ses joueurs et de son personnel d’entraîneur­s, les Patriots de trous du c...

MEILLEUR ENCADREMEN­T

Cet exemple illustre le problème que peuvent poser les médias sociaux dans le sport. Des plateforme­s comme Facebook, Twitter et Instagram se veulent des outils très efficaces pour les athlètes afin de promouvoir certains produits. On voit les Tiger Woods, Eugenie Bouchard, Tom Brady, LeBron James et autres athlètes jouissant d’un rayonnemen­t à l’échelle internatio­nale utiliser les médias sociaux pour y faire de la publicité pour leurs commandita­ires.

Par contre, autant ils peuvent être efficaces, autant les médias sociaux constituen­t une lame à double tranchant. On l’a vu récemment avec les photos du voyage à Miami d’Odell Beckham Jr. et des autres receveurs des Giants de New York, avant un match éliminatoi­re. On l’a aussi vu avec le cas Antonio Brown.

Les frasques et l’autopromot­ion des athlètes sur les médias sociaux créent parfois des distractio­ns inutiles. Jusqu’à présent, les ligues et les dirigeants d’équipes ne semblent pas savoir comment s’y prendre pour encadrer le tout. Ce ne sont pas tous les entraîneur­s qui sont en mesure de prévenir ce genre de situation comme le fait si bien un Bill Belichick, par exemple.

À Montréal, on comptait un athlète flamboyant comme Antonio Brown en P.K. Subban et on l’a échangé parce que l’équipe n’était visiblemen­t pas prête à composer avec un joueur qui consacre une bonne partie de ses énergies à peaufiner son image à l’extérieur de la patinoire.

Dans la NFL, on les compte par dizaines. Les risques de dérapage sont donc omniprésen­ts. Que ce soit par des politiques plus strictes ou des pénalités plus sévères lorsque surviennen­t des dérapages, ce n’est qu’une question de temps avant que l’on s’attaque plus sérieuseme­nt aux médias sociaux.

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Antonio Brown

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