Le Journal de Montreal

Le policier n’aurait pas dû frapper à la tête, dit un expert

- CLAUDIA BERTHIAUME

Le policier de la SQ accusé d’avoir battu un père de famille n’aurait jamais dû le frapper à la tête avec son bâton, affirme un expert en emploi de la force.

«Le fait de donner un coup à la tête dans les circonstan­ces [décrites à la cour] ne correspond pas à l’enseigneme­nt de l’École nationale de police du Québec», soutient Roger Bujold, qui enseigne justement à l’ENPQ.

Ce retraité de la police de Montréal témoignait hier, au deuxième jour du procès de l’agent Guillaume St-Louis.

St-Louis est accusé de voies de fait armées et causant des lésions à l’endroit du citoyen Alexandre Hébert.

Le policier de la Sûreté du Québec, qui oeuvrait au poste de Lavaltrie, fait aussi face à un chef d’utilisatio­n négligente d’une arme, soit son bâton télescopiq­ue.

M. Hébert a eu maille à partir avec l’agent St-Louis le 9 décembre 2014, lors d’une intercepti­on pour des vitres trop teintées. Il s’en allait reconduire sa fille de 11 mois à sa garderie de Lanoraie.

Le père de famille n’avait pas ses papiers d’identifica­tion, et l’agent St-Louis lui a ordonné de sortir de son Acura TL.

Mais la situation aurait rapidement dégénéré.

Le policier maintenant âgé de 35 ans lui aurait arraché ses lunettes et aspergé du poivre de Cayenne dans l’oeil, avant de le rouer de coups avec son bâton télescopiq­ue. La victime a parlé d’au moins une dizaine de coups aux jambes et au dos, suivis de trois coups à la tête, alors qu’il était étendu au sol.

« SANS-DESSEIN »

Le citoyen a eu une fracture de l’index gauche et deux lacération­s à la tête.

Jeudi, Alexandre Hébert a admis au juge Carol Richer avoir insulté l’agent au cours de l’interventi­on, notamment en le traitant de «sans-dessein» et de «fou».

«L’utilisatio­n du [poivre de Cayenne] peut être conciliabl­e avec les enseigneme­nts [de l’ENPQ] si l’individu est agressif. Des insultes n’en justifient pas l’utilisatio­n», a affirmé M. Bujold.

PAS EN DANGER DE MORT

Quant aux coups de bâton télescopiq­ue à la tête, ils sont enseignés à l’ENPQ depuis 2011, at-il expliqué. Mais ils ne devraient être utilisés que si l’agent risque d’être sérieuseme­nt blessé ou si sa vie est en danger. «Il n’a pas été démontré que l’agent St-Louis était dans [cette] situation...» a conclu M. Bujold.

Contre-interrogé par Me Nadine Touma, de la défense, l’expert en emploi de la force a maintenu sa position.

«Est-ce que l’épuisement du policier, qui tente de maîtriser un individu au sol [depuis sept minutes] peut raisonnabl­ement lui faire craindre pour sa sécurité, s’il perd le combat un à un?» a demandé la criminalis­te.

«Poussé à l’extrême, oui», a répondu M. Bujold, en précisant que l’agent St-Louis aurait plutôt dû se positionne­r en retrait et demander des renforts.

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L’agent Guillaume St-Louis devrait témoigner pour sa défense le 1er février prochain, au palais de justice de Joliette.
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roger bujold Expert

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