Le Journal de Montreal

Être à l’écoute

- MaxiM maxim.martin@quebecorme­dia.com Martin

Cette semaine, j’hésitais entre parler de Bell cause pour la cause, initiative qui met en lumière la triste réalité des maladies mentales, ou de la nouvelle présidence de Donald Trump. Ironiqueme­nt, les deux se rejoignent. Oui, j’avoue qu’elle est facile, mais tellement plaisante à faire.

Comme Donald risque de me donner amplement de matériel pour écrire mes chroniques dans les prochaines années (même si je crois encore que je suis dans un mauvais rêve et que je vais me réveiller d’un moment à l’autre), je préfère pour l’instant parler de ce fléau de société qu’est la maladie mentale.

Je vous confesse que, comme bien des gens, je me suis déjà dit que le mot «dépression» était trop souvent utilisé, qu’il y avait un peu d’autovictim­isation là-dedans. C’est quand même assez ironique d’avoir cette réflexion avec le passé que j’ai.

Moi-même, j’ai fait une couple de thérapies. Y’a même des psys qui sont allés consulter après que je les ai consultés! Oui, j’en avais des choses à raconter. Mon point de vue a vite changé quand je me suis rendu compte que je connais plusieurs personnes qui ont été diagnostiq­uées «en dépression». C’est une réalité du monde d’aujourd’hui.

On vit dans une société «hyper speed». On manque de temps pour tout. On stresse sur chaque détail de nos vies, et dans ce tourbillon, on ignore les signaux que notre tête et notre corps nous envoient.

PLUS DIFFICILE POUR LES HOMMES

Tristement, les hommes doivent faire face à un double standard lorsqu’on parle de dépression. Une femme déprimée va vite se voir réconforté­e par son entourage:

– Prend le temps qu’il faut pour te soigner. – Va te faire masser. – On est là pour toi. Nous, les hommes, on nous encourage à nous rapprocher de nos sentiments, à partager nos émotions, mais souvent, quand on le fait, on se fait dire: «Arrête de chialer et passe à travers.» Si on ajoute à ça la pression de jouer au dur que l’on s’impose inconsciem­ment, ça fait en sorte que plusieurs boys souffrent en silence.

Souvent, au lieu d’admettre que ça va mal, tu te dis que c’est une mauvaise passe. Come on buddy ! Ça fait six mois que tu ne dors pas, t’es down, t’es angoissé, t’es ému en écoutant

L’Auberge du chien noir… c’est un signe.

Là où je nous lance des fleurs, c’est qu’on commence tranquille­ment pas vite à en parler entre nous. Assis dans le vestiaire de l’aréna après notre game de hockey, les discussion­s sont de moins en moins superficie­lles. Oui, on raconte encore bien des conneries, mais c’est correct, c’est même thérapeuti­que. Heureuseme­nt, à travers ça, il y en a parfois un qui ouvre la porte pour partager comment il se sent et, très rapidement, tu te rends compte qu’on est plusieurs à sentir le besoin de se vider le coeur.

UN SIGNE DE FORCE

Trop d’hommes voient le fait de demander de l’aide comme un signe de faiblesse. Tu ne pourrais pas plus te tromper. Au contraire, c’est un signe de force. Avouer que ça ne va pas, que tu as un problème, c’est l’équivalent de se dire «je t’aime». Chose que, malheureus­ement, on ne se dit pas assez souvent. On le dit à notre blonde, à nos enfants, mais pourquoi est-ce qu’on ne prendrait pas deux secondes pour se le dire à soi-même?

Personne ne mérite de souffrir en silence. En fait, je dirais surtout que tout le monde mérite d’être heureux. Oui, je sais, ça fait très biscuit chinois comme phrase, mais notre inconfort à l’entendre ne fait que confirmer qu’on a encore du chemin à faire pour comprendre qu’on a le droit d’être heureux.

C’est aujourd’hui que ça commence à bien aller… il ne te reste qu’à le décider!

On stresse sur chaque détail de nos vies, et dans ce tourbillon, on ignore les signaux que notre tête et notre corps nous envoient

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SAMEDI 21 JANVIER 2017
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