Les cyber-attaques pourraient se multiplier
Les experts réunis à Davos croient que 2016 n’était qu’un avant-goût des phénomènes à venir
DAVOS, Suisse | (AFP) L’année 2016, avec l’intrusion de cyber-attaques, de piratage informatique et de divulgation de secrets dans la campagne électorale américaine, est un simple avant-goût d’inquiétants phénomènes à venir, estiment tous les experts réunis à Davos.
Réunis en table ronde au Forum économique mondial sur le thème des «Cyberguerres», ces spécialistes ont alerté hier les pays européens.
À commencer par la France et l’Allemagne, où vont avoir lieu en 2017 d’importantes élections, et qui pourraient être les prochaines cibles de pirates difficiles à identifier, mais terriblement efficaces et politiquement motivés.
«Je pense que 2016 a donné une idée de ce qui nous attend», estime Tom Donilon, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Obama, désormais dans le secteur privé.
«Nous avons vu la frontière entre la guerre et la paix s’estomper. L’exemple le plus flagrant a été l’effort important que la Russie a exercé pour influencer le résultat de l’élection américaine», dit-il
Pour Tom Donilon, «d’importantes élections vont avoir lieu en Europe en 2017, c’est là un avant-goût du genre de menace dont l’Europe doit se méfier à l’avenir» et «il y a des signes qui montrent que ça a déjà commencé».
Des dirigeants du vieux continent ont déjà fait part de leur inquiétude: début décembre, le directeur du renseignement intérieur allemand, Hans-Georg Maassen, a évoqué une campagne de piratages et de désinformation dirigée par«Moscou afin de «déstabiliser» l’Allemagne.
CONSÉQUENCES POLITIQUES
Et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, se dit «extrêmement inquiet» de la hausse de 60% l’an dernier des cyber-attaques contre l’Alliance. La question de la cyber-défense tiendra d’ailleurs une place importante lors du prochain sommet de l’OTAN à Bruxelles en 2017, selon lui.
«Le 11 septembre 2001 et Al Qaïda nous ont appris ce qu’était la guerre asymétrique, ajoute Moises Naim, du Carnegie Endowment for International peace. Maintenant, WilkiLeaks et le Kremlin nous apprennent ce qu’est la cyber-guerre asymétrique. Désormais, les cyber-attaques ont des conséquences politiques.»
Pour les experts, les démocraties libérales ne consacrent pas assez de ressources à leurs cyber-défenses. «Nous devons et pouvons faire beaucoup mieux», conclut Tom Donilon.