Le Journal de Montreal

« On ne lui pardonnera jamais »

Les filles du « père grand-père » se sont enlacées longuement après l’annonce du verdict de culpabilit­é

- Samuel BlaIS-GauthIer

GATINEAU | Le «père grand-père de Val-des-Monts» a été reconnu coupable d’avoir agressé sexuelleme­nt deux de ses filles pendant des décennies et d’avoir fait trois enfants à l’une d’elles.

Le jury a déclaré Jacques Lesage, 79 ans, coupable d’inceste et d’agressions sexuelles sur ses filles Lucie et Nathalie Lesage. Il a cependant été acquitté des attoucheme­nts à l’endroit de Chantal Knippenber­g, une autre de ses filles née d’une liaison extraconju­gale que M.Lesage a entretenue avec une aide-ménagère.

Cette histoire particuliè­rement sordide s’est déroulée en Outaouais entre 1971 et 2004.

ENCEINTE À 13 ANS

Sur plusieurs décennies, Jacques Lesage a agressé presque quotidienn­ement sa fille Lucie Lesage. Il lui a fait trois enfants, comme l’ont prouvé des tests d’ADN. Lucie Lesage est tombée enceinte la première fois à l’âge de 13 ans.

«On ne lui pardonnera jamais. Et aujourd’hui, il me rend totalement indifféren­te. Je ne le considère pas comme mon père, tout comme je n’ai jamais été sa fille selon lui», a déclaré avec émotion Lucie Lesage.

Lors de son témoignage, Jacques Lesage avait admis avoir eu des relations sexuelles avec Lucie Lesage dès son jeune âge, mais avait déclaré ne pas savoir qu’il s’agissait de sa fille à l’époque, une défense que le jury n’a pas crue.

Nathalie Lesage, qui a elle aussi été agressée par son père, peut maintenant tenter de se reconstrui­re.

«Jamais je ne vais lui pardonner. On va panser nos blessures, mais les cicatrices vont toujours rester là», a-t-elle lancé.

Pendant le procès, les trois soeurs avaient demandé de lever l’ordonnance de non-publicatio­n empêchant de les identifier.

EN LARMES

Dès le prononcé du verdict d’acquitteme­nt pour les accusation­s portées à la suite de sa plainte, Chantal Knippenber­g a fondu en larmes et a quitté la salle de cour.

«Nous sommes arrivées les trois [soeurs] seules et nous repartons unies, a-t-elle dit. Je suis contente pour mes soeurs. Le chapitre est tourné et le livre est fermé. Je passe maintenant à autre chose. Je pars contente d’avoir dit mon secret parce que ça fait une trentaine d’années que j’ai ça en dedans de moi.»

Peu après que le verdict fut tombé, les trois soeurs se sont longuement enlacées.

«Je suis triste, mais heureuse à la fois qu’il aille en prison et qu’il pâtisse à son tour», a lancé Chantal Knippenber­g.

Lors du procès, Lucie Lesage a décrit en détail les premières agressions subies alors qu’elle n’avait que sept ans.

Elle a aussi évoqué son agression sexuelle subie alors qu’elle revenait tout juste de l’hôpital après son premier accoucheme­nt, les relations sexuelles non désirées dans un dépotoir et l’agression survenue le jour des funéraille­s de sa mère.

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Lucie (à gauche) et Nathalie Lesage se sont dites libérées après que leur père Jacques Lesage (en mortaise) eut été reconnu coupable hier d’avoir commis des agressions sexuelles à leur endroit pendant plusieurs décennies.
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