Le Journal de Montreal

L’été ici, L’hiver dans Le sud

Réal Cournoyer est la plus belle preuve qu’on peut prendre une retraite rêvée avec des moyens modestes

- DANY DOUCET

Passer l’été au bord d’un lac du Québec et l’hiver sur une plage des Caraïbes. Ça peut paraître un rêve inabordabl­e pour le portefeuil­le de la majorité des retraités québécois, mais pas pour Réal Cournoyer qui réussit ce tour de force avec des revenus d’à peine 20 000 $ par année.

Malgré des moyens modestes, Réal Cournoyer, 69 ans, se fait souvent dire qu’il vit une retraite de rêve.

L’hiver, il le passe dans un petit, mais très propre logement en République dominicain­e. Il n’a pas la vue sur la mer des Caraïbes, mais il ne lui faut que cinq minutes de marche pour se retrouver les pieds dans le sable sur une des plus belles plages du pays.

L’été, ce grand amateur de pêche le passe dans une roulotte, sur un terrain de camping au bord du lac Tapanee, à Sainte-Anne-du-Lac, village bucolique des Hautes-Laurentide­s. Pêcheur de doré émérite, il réussit à prendre sa limite de poissons quelques fois par semaine.

«J’adore la vie que je mène, dit-il. Il n’y a pas beaucoup de gens qui croient que je peux vivre comme ça avec seulement 20 000 $ par année.»

REVENUS MODESTES

Réal Cournoyer a décidé de prendre sa retraite à 58 ans, à la suite du décès de sa conjointe avec qui il a eu une fille. Il a deux petits-enfants.

«J’avais quelques REER, un petit fonds de pension et une maison payée», résume-t-il.

M. Cournoyer a écoulé progressiv­ement son REER jusqu’à l’âge de pouvoir toucher ses rentes du Québec et du Canada.

À 66 ans, il a vendu sa maison, payé ses dernières petites dettes (sur son camion et son véhicule tout-terrain) pour remettre le compteur à zéro. Alors célibatair­e, il a transformé son fonds de pension privé en rente viagère pour toucher le double, soit 250 $ par mois.

Bref, avec environ 20 000 $ de revenus par année et quelques économies pour parer aux imprévus, il a complèteme­nt repensé sa façon de mener sa vie.

«Je n’avais soudaineme­nt plus un seul paiement à faire, pas même un compte d’électricit­é, plus de taxes foncières ou scolaires. C’est ça que je voulais.»

PAS RICHE

Résident de Louisevill­e, en Mauricie, Réal Cournoyer a bien vécu sans jamais devenir riche.

D’abord mécanicien automobile, puis mécanicien aéronautiq­ue durant 15 ans, il a finalement travaillé 15 ans pour Saputo, où il a pu contribuer à un modeste fonds de pension.

«Ma maison a été très importante pour ma retraite», dit-il, faisant référence au capital qu’il a ainsi pu accumuler tout au long de sa vie tout en logeant sa famille.

UN BILLET ALLER

M. Cournoyer estime que son mode de vie est accessible à un grand nombre de Québécois, mais que ce sont les circonstan­ces de la vie qui tracent le destin de chacun. Dans son cas, c’est le décès de sa femme qui a changé sa façon de voir les choses.

Un ami lui a un jour parlé de la République dominicain­e. «J’ai pris un billet aller seulement et j’ai dit à mes deux soeurs que je partais et que je ne savais pas quand je reviendrai­s. Je voulais aller voir si j’aimerais ça... et oui, j’ai aimé ça!»

Arrivé dans le nord de l’île où les plages sont moins belles, il est ensuite tombé en amour avec Boca Chica. Beaucoup de Québécois passent l’hiver là-bas, selon lui.

L’endroit est très sécuritair­e, dit-il. «C’est sûr que si tu te tiens dans les bars et que tu te promènes tard dans des rues mal éclairées, tu cours après le trouble. Moi, je ne fume pas et je ne bois pas et je me couche à 21 h. Je n’ai jamais eu peur une seule fois.»

Le plus dangereux pour lui, en fait, c’est la route sur laquelle il se promène en scooter, son seul moyen de transport là-bas.

HABLA ESPAGNOL

S’il ne parlait pas un mot d’espagnol il y a cinq ans, il peut se faire comprendre partout maintenant.

«Je suis déjà allé aux ÉtatsUnis et les gens ne voulaient pas nous comprendre, dit-il. En République, tout le monde veut te comprendre et fait des efforts.

«C’est un pays pauvre, mais les gens ont vraiment une belle façon de voir la vie. Ils sont souriants, on aurait beaucoup à apprendre d’eux.»

 ??  ?? Le retraité québécois Réal Cournoyer passe l’hiver en République dominicain­e à se baigner dans la mer des Caraïbes.
Le retraité québécois Réal Cournoyer passe l’hiver en République dominicain­e à se baigner dans la mer des Caraïbes.

Newspapers in French

Newspapers from Canada