D’un remaniement à l’autre
Au conseil des ministres, il y avait des gens déçus. Déçus de ne pas savoir à quoi s’en tenir. Parce que tout le monde sait que la partie a été remise, qu’il y aura un véritable remaniement, c’est écrit au mur du caucus.
Ce sera sans doute fait plus tôt que tard en 2017. Le premier ministre Couillard a déjà prévu «d’autres occasions». Le bruit court que la session actuelle sera prorogée. Le gouvernement repartirait à zéro à la mi-mars, avec un Discours inaugural.
La réintégration de Pierre Moreau au cabinet a évidemment ravi tout le monde. À commencer par le premier ministre Couillard, en manque d’un joueur étoile.
MOREAU
Revenant d’un long congé de maladie, M. Moreau a toujours été très apprécié par ses pairs. Au Salon bleu, il est d’une rare efficacité. C’est une version moins abrasive de Jacques Dupuis.
Homme chaleureux, souriant, empathique, M. Moreau s’intéresse aux autres. Ça manque cruellement parfois autour de la table…
Il hérite d’un ministère névralgique, mais d’une fadeur incommensurable. Le Conseil du trésor! Le Vatican de la dépense! L’Oratoire des programmes! C’est là que s’agenouillent les ministres, pour un aréna ou pour une route, pour quémander à l’autel des surplus… Il n’y a eu qu’un homme vraiment heureux à ce poste dans l’histoire récente: Martin Coiteux, le petit père des surplus budgétaires. Sam Hamad y a fait un bref passage et s’amusait, lui aussi, et parfois cruellement, de ceux qui se contentaient de donner la parole à leur sous-ministre... Malheureusement pour le Québec, M.Hamad n’a pu mettre en oeuvre une réforme radicale des projets informatiques. Son retour au cabinet reste hypothétique. Le Trésor a donc un nouveau patron en la personne de Pierre Moreau dont le premier mandat est de régler le litige avec les avocats et les notaires du gouvernement. Ce n’est pas précisément un groupe de démunis. De là le peu d’informations sur les enjeux, outre une soi-disant parité salariale avec les procureurs de la Couronne. Les négociations avec les fédérations médicales, un processus encore plus secret, aboutiront aussi sur le bureau de M.Moreau. Donc rien de véritablement inspirant pour un politicien de son talent.
SANTÉ, ÉDUCATION
Cela dit, il y aura un vrai remaniement. Possiblement au printemps, préférablement avant le prochain budget.
Il épargnera sans doute les ministres de la Santé, de l’Éducation, Gaétan Barrette et Sébastien Proulx.
D’abord, M. Barrette doit terminer les grandes manoeuvres de la santé, une constellation de petits royaumes qui se prennent pour des vaches sacrées.
Quant à Sébastien Proulx, il ne se débrouille pas si mal, ce qui nous change des habituels improvisateurs mutés à l’Éducation. Un peu de stabilité ne fera pas de tort à l’industrie pédagogique et aux partisans de la lutte des classes. Aux Finances, on ne voit pas au caucus qui pourrait faire mieux que Carlos Leitao. Martin Coiteux est un autre intouchable. Même si les Affaires municipales ne l’ont pas ravi d’emblée, c’est l’homme qu’il faut pour mener à terme la réforme du financement des retraites municipales. Il ne pleurera pas à la perte de la Sécurité publique à moitié autorité, à moitié maternité... La parité imposant ses droits, un duo de jeunes femmes s’impose dans les conversations: Isabelle Melançon et Véronyque Tremblay. La première a été élue dans Verdun en décembre tandis que la seconde a succédé au très populaire Gérard Deltell dans Chauveau. Elles sont toutes deux pressenties pour accéder au conseil des ministres. Peut-être parviendront-elles à y semer un vent de fraîcheur. Mme Melançon pourrait hériter du ministère de la Culture alors que Mme Tremblay pourrait, dit-on, représenter la capitale au sein du gouvernement.