Le Journal de Montreal

La femme tuée dans un CHSLD voulait mourir

Son conjoint, accusé du meurtre, a vu l’Alzheimer s’emparer d’elle au quotidien

- Be-Noît Philie et Boris Proulx Le Journal de Montréal

Souffrant d’Alzheimer, la femme tuée dans un CHSLD de Montréal lundi avait fait une demande d’aide médicale à mourir qui lui aurait été refusée, racontent des proches. Son conjoint a été accusé hier d’avoir mis fin à ses jours, après avoir pris soin d’elle pendant des années.

«J'ai craqué. Personne ne m'a demandé comment je vais, mais là vous le savez. J'ai consenti à sa demande d’aide à mourir. J’attends les policiers», a écrit Michel Cadotte sur sa page Facebook vers 13h lundi (voir au bas).

L’homme de 55 ans a été arrêté par les policiers peu de temps après et a été accusé du meurtre de Jocelyne Lizotte, retrouvée morte dans sa chambre du centre d’hébergemen­t Émilie-Gamelin.

AIDE MÉDICALE à MOURIR

Selon des proches du couple, Mme Lizotte aurait commencé à souffrir d’Alzheimer peu de temps après leur mariage, il y a une quinzaine d’années, mais sa situation avait surtout dégénéré dernièreme­nt.

«La mère de Jocelyne a aussi eu l’Alzheimer. Elle savait ce qui allait lui arriver. Quand elle a commencé à perdre la mémoire, elle a fait une demande d’aide médicale à mourir pour ne pas finir comme sa mère, mais on lui a refusé», a raconté au Journal hier le neveu de l’accusé, François Cadotte.

L’un des fils de la disparue, David Désautels, a détaillé sur Facebook la lente dégradatio­n de la qualité de vie de sa mère.

«La maladie aura eu raison d'elle de la façon la plus pernicieus­e qui soit. Elle a perdu tranquille­ment tout ce qui en faisait ma mère. Elle en a perdu la parole, elle qui aimait tant jaser. Ma mère est morte avant de décéder», a-t-il écrit.

Il poursuit en disant qu«‘elle pourra enfin reposer en paix, comme elle en avait fait la demande».

PRÉPOSÉ AU BÉNÉFICIAI­RE

Coiffeur de profession, François Cadotte coupait les cheveux de Mme Lizotte plusieurs fois par année au CHSLD. Il a vu la santé de cette dernière se détériorer, mais aussi celle de son oncle.

«Michel l’aidait à manger, il la faisait marcher, la lavait, la couchait, la changeait, raconte-t-il. Il la voyait dépérir et il était en détresse.»

Selon plusieurs proches et voisins, M. Cadotte était complèteme­nt dévoué à sa femme qu’il allait voir «tous les jours».

L’homme avait aussi suivi des cours de préposé aux bénéficiai­res pour prendre soin d’elle, lui-même. Un travail à temps plein!

«ELLE A CHANGÉ SA VIE»

Selon un voisin et confident de M.Cadotte rencontré dans son édifice à logements de Montréal-Nord hier, Mme Lizotte avait complèteme­nt changé la vie de l’accusé à l’époque.

«Michel c'est un ancien toxicomane. Il me disait que dans son jeune temps, il était un bad boy, mais quand il a rencontré sa femme, c'est ce qui a fait qu'il est devenu quelqu'un de correct, qui ne consommait plus», a expliqué au Journal Alain Ippersiel.

Dans l’édifice d’en face, Yvon Delisle se rappelle que l’accusé lui a déjà confié ne vivre que pour sa femme.

«Il m’a dit qu'il ne saurait pas ce qu'il ferait si elle partait. Il ne pourrait pas vivre sans sa femme», dit-il.

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Michel Cadotte a été accusé hier d’avoir mis fin aux jours de sa femme Jocelyne Lizotte, qui souffrait d’Alzheimer depuis plusieurs années. Jocelyne lizotte Décédée

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