Le Journal de Montreal

Mort avant d’avoir trouvé celui qui a tué sa fille

Pendant 40 ans, Roland Monast a cumulé les preuves pour retrouver le meurtrier de son enfant

- Magalie lapointe

Un père de famille qui s’est déjà promené avec une arme pour régler le compte du meurtrier de sa fille est décédé sans avoir trouvé celui qui a commis le crime il y a 40 ans.

Roland Monast, le père d’Hélène Monast, assassinée le 10 septembre 1977, aura cherché toute sa vie celui qui a agressé sexuelleme­nt et étranglé à mort sa fille le jour de son 18e anniversai­re de naissance.

Chaque jour depuis le meurtre jusqu’à son décès samedi dernier, M. Monast a parlé de sa fille. Il repassait sans cesse les éléments de preuves et tentait d’en ajouter de nouveaux pour démasquer le meurtrier, mais en vain.

Jour et nuit, Roland Monast cherchait sa fille, lui qui dormait très peu. Il se rendait dans les endroits publics, dans des restaurant­s, des centres commerciau­x et des événements pour tenter d’amasser de l’informatio­n. Il allait même jusqu’à questionne­r les passants dans la rue près du 224 rue Maurice, dans un petit parc tout près du canal de Chambly, là où le corps de sa fille a été retrouvé dénudé.

Au moment de son décès, M. Monast ne pouvait plus parler, mais il a cligné des yeux lorsque son autre fille, Nicole, lui a demandé d’embrasser Hélène pour elle.

«Il est mort en regardant le ciel, comme si ma soeur lui tendait les bras», a raconté Nicole Monast, encore très émue.

UN FUSIL

Monsieur Monast a abandonné son travail de dynamiteur pendant environ cinq ans pour se consacrer à retrouver le meurtrier. Il trouvait que l'enquête policière n'avançait pas.

D’ailleurs, il a avoué en 2011 à sa fille Nicole avoir déjà transporté un fusil dans son camion afin de régler son compte au meurtrier s’il arrivait à le retrouver.

Deux passantes auraient alors aperçu Roland Monast avec l’arme. Elles lui auraient conseillé de ne plus se promener avec ce fusil puisque sa rage pourrait tuer un innocent.

Selon Nicole Monast, son père aurait traité l’agresseur de «lâche», jusqu’à la toute fin de sa vie.

«Il disait souvent que cet homme ne méritait pas de vivre, qu’il ne paierait jamais assez cher pour tout ce qu’il nous a fait vivre», a mentionné Nicole Monast.

UN BAISER À SA PHOTO

Le corps d’Hélène Monast a été retrouvé à 8h20, le 11 septembre 1977 près du canal de Chambly. Les policiers ont établi l’heure du décès: la veille vers 23h, le soir de ses 18 ans alors qu’elle se rendait chez sa marraine pour dormir.

«Mon père traînait toujours son portemonna­ie même s’il n’avait pas d’argent. C’était une défaite pour toujours avoir la photo de Hélène avec lui. Il sortait souvent la photo pour lui donner un baiser», se souvient Nicole Monast.

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PHOTO ARCHIVES Le corps dénudé d’Hélène Monast a été trouvé le 11 septembre 1977 près du 224, rue Maurice, non loin du canal de Chambly.
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PHOTO COURTOISIE NICOLE MONAST Roland Monast est décédé samedi dernier sans savoir qui a tué sa fille Hélène Monast. Il a cherché le meurtrier pendant près de 40 ans.
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Nicole MoNast Soeur de la victime

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