Il avait prédit le fléau du cellulaire au volant
L’ex-coroner aimerait maintenant une enquête publique
Un coroner qui a prédit il y a presque 15 ans que l’usage du cellulaire au volant deviendrait un fléau sur les routes croit qu’il est temps qu’une enquête publique sur le sujet soit mise en place.
«Ça réveillerait bien du monde. On saurait, on calculerait les décès, on écouterait des experts sur le sujet», a lancé Claude Paquin, qui a été médecin coroner à Montréal pendant 22 ans.
Au début des années 2000, il est l’un des premiers coroners à avoir pointé du doigt le cellulaire au volant comme cause directe d’accidents sur les routes.
Dès 2004, il a recommandé l’interdiction totale du cellulaire pour les conducteurs d’un véhicule en mouvement, «afin de prévenir des décès évitables».
Plus de 13 ans plus tard, le Dr Paquin avoue être peu étonné que les sanctions ne soient pas plus sévères pour les conducteurs fautifs. Mais il est plus que temps d’agir, dit-il. Et selon lui, seule une enquête publique de coroner permettrait de bien fouiller la question.
Dans un dossier publié le weekend dernier, Le Journal rapportait que le cellulaire au volant fait maintenant presque autant de morts et huit fois plus de blessés que la conduite en état d’ébriété.
«Je pense que ça devrait être interdit, comme l’alcool au volant. C’est aussi dangereux, ce sont des vies humaines qui écopent», a déploré Dr Paquin.
L’ancien coroner croit même que la loi devrait être amendée afin que ça devienne criminel. Et comme c’est le cas pour l’alcool au volant, la voiture devrait être saisie sur le champ, de même que le cellulaire du fautif.
« DE GRANDS ENFANTS »
«Les adultes sont de grands enfants. Ça prend des lois coercitives. Si tu ne frappes pas fort, ça ne fera pas mal», a-til lancé.
Malgré tout, il s’offusque peu que ses recommandations pour éliminer le cellulaire au volant n’aient été suivies. Il rappelle que ç’a pris 15 ans avant de sensibiliser les gens au port de la ceinture de sécurité.
Il semble par ailleurs avoir été visionnaire quant à l’évolution de la problématique du cellulaire au volant. En 2006, il avait, une fois de plus, recommandé l’interdiction du cellulaire au volant, dans le cadre d’une enquête sur le décès d’une femme à Montréal.
Marie-Neige Matteau-Gagnon, 22 ans, a happé de plein fouet une remorque arrêtée au milieu du tunnel Louis-H. Lafontaine en juin 2005. Occupée à envoyer des messages à son copain et à compter les recettes de sa soirée, elle n’aurait pas aperçu le signal lumineux indiquant que la voie du centre était fermée.
«La preuve n'est plus à faire du danger public de ce type de communication», avait écrit le coroner, dans son rapport.