Vallée « sous tutelle », selon un ancien ministre de la Justice
Le bureau du PM chargé de piloter la stratégie pour réduire les délais judiciaires
QUÉBEC | Ce n’est pas la ministre Stéphanie Vallée, mais bien le bureau du premier ministre qui a pris les commandes de la stratégie gouvernementale visant à éviter l’avortement de centaines de procès en raison des délais judiciaires.
Haut fonctionnaire d’expérience, Denis Marsolais a hérité de l’épineux mandat de régler la crise des délais dans le système de justice en matière criminelle et pénale à la suite de l’arrêt Jordan.
Plus encore, il a même «la responsabilité d’élaborer et de proposer une deuxième phase à cette stratégie dans l’optique d’apporter une solution pérenne aux difficultés de délais», préciset-on au Conseil exécutif, le ministère de Philippe Couillard.
C’est que M. Marsolais ne relève pas de la ministre de la Justice, comme on pourrait s’y attendre, mais bien du bras droit du premier ministre, le secrétaire général du gouvernement Juan Roberto Iglesias.
SITUATION INHABITUELLE
Une situation bien inhabituelle et peu souhaitable, selon l’ancien ministre de la Justice, Paul Bégin. «Ce n’est certainement pas un geste de confiance à l’égard de la ministre, a-t-il affirmé à notre Bureau parlementaire. Elle est en tutelle de l’exécutif.»
L’ex-péquiste rappelle que le ministre de la Justice a un rôle particulier à jouer dans un gouvernement. C’est lui qui conseille le premier ministre en matière de justice, «alors il ne peut pas être dépendant de celui à qui il donne des avis», insiste-t-il.
« J’AURAIS DÉMISSIONNÉ »
Si on lui avait imposé de la sorte un haut fonctionnaire pour piloter sa politique, Paul Bégin ne l’aurait pas digéré. «J’aurais démissionné le lendemain matin!» Sous pression en raison des centaines de requêtes en arrêt de procédures qui s’empilaient sur les bureaux du DPCP, Stéphanie Vallée a annoncé en décembre de l’argent frais pour le système de justice et une augmentation du nombre de juges.
Au cabinet du premier ministre Philippe Couillard, on s’est refusé à tout commentaire.