Le théâtre, c’est la vie !
En assistant à la pièce Ne m’oublie pas, chez Duceppe, j’étais subjugué par l’habileté des comédiens à nous communiquer l’intensité du drame vécu par de jeunes Britanniques orphelins ou arrachés à leur famille et expédiés dans les colonies comme main-d’oeuvre à bon marché, quand ils n’étaient pas traités en esclaves ou abusés sexuellement.
LES « BRITISH HOME CHILDREN »
J’ai saisi dans l’interprétation de cette pièce la profondeur des propos de mon prof de théâtre au cégep qui jugeait de la qualité d’une pièce à la hauteur de sa capacité à nous transporter dans les tourments du drame et à nous le faire ressentir comme s’il était le nôtre.
J’avais la gorge serrée et les yeux mouillés devant cette détresse psychologique et physique exprimée par des comédiens au sommet de leur art. Cet étrange mal d’être aurait pu s’essouffler à la tombée du rideau, mais c’eût été oublier trop vite la souffrance de tous ces enfants immigrés britanniques, dont 100 000 au Canada entre 1868 et 1948 à qui on vola leur enfance, et les impacts sur leurs descendants. Je ne voulais pas être complice des silences des politiciens canadiens trop longtemps dans le déni au point de rejeter une motion d’excuses en 2009 à l’égard de ces victimes d’une telle injustice pendant que Londres et Canberra confessaient leurs torts.
VAUT MIEUX TARD QUE JAMAIS
Heureux hasard ou action planifiée, le Parlement canadien adoptait une motion proposée par le Bloc québécois à l’unanimité le jour de la première de la pièce qui reconnaissait les abus faits à ces enfants ainsi que leur apport à la société canadienne en les priant de nous excuser.
Comme beaucoup d’autres, je connaissais bien peu ce triste passage de notre histoire et j’aurais souhaité plus de lumière sur la motion adoptée par le Parlement pour rendre plus collective notre reconnaissance de ne pas les oublier.