Le Journal de Montreal

La farce a assez duré

- claude villeneuve Blogueur des Spin Doctors Ex-rédacteur de discours de Pauline Marois claude.villeneuve@quebecorme­dia.com @vclaude

Les juristes de l’État québécois sont en grève depuis quatre mois. C’est le plus long conflit de travail de l’histoire de notre fonction publique.

Des projets de loi bloqués; nombre de règlements et décrets tombés aux oubliettes; des tribunaux administra­tifs paralysés; des élus qui légifèrent à vue, sans conseils juridiques: voilà la situation concoctée par le gouverneme­nt.

PROVOCATIO­N

Il faut être deux pour danser, diront certains. Si on en est venu là, c’est peut-être que LANEQ, qui représente les juristes, s’est montrée également intransige­ante.

Ça pourrait être vrai si le ministre Pierre Moreau, au ton initialeme­nt conciliant, ne prenait pas chaque occasion qui s’offre à lui pour narguer les grévistes.

Par une directive du Conseil du trésor, on a tenté de contourner la loi pour moins payer les juristes qui assuraient les services essentiels. L’avocat en pratique privée représenta­nt le gouverneme­nt s’est ridiculisé à l’occasion d’une contestati­on du syndicat devant la Cour supérieure.

Lors de la dernière assemblée générale de LANEQ, son président ne s’attendait même pas que ses membres reconduise­nt le débrayage. Pierre Moreau, s’exprimant en chambre pendant que la rencontre était en cours, s’est moqué d’eux et de leur fonds de grève épuisé.

N’en fallait pas davantage pour que le conflit se poursuive.

FONCTIONS RÉGALIENNE­S

Le gouverneme­nt ne cherche pas à faire rentrer les juristes à ce stade-ci, il veut les humilier. L’équipe de négociatio­n patronale a elle-même admis que la dernière offre qui leur a été présentée était moins généreuse que l’entente obtenue par le front commun.

Comme dans le dossier de l’engorgemen­t des tribunaux, on peut y voir le désintérêt de ce gouverneme­nt très provincial pour ces fonctions régalienne­s de l’État qui visent à assurer le respect des lois et la bonne marche de nos institutio­ns.

Dans tous les cas, la farce a assez duré. Il revient au gouverneme­nt de changer de ton et de régler.

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