Le Journal de Montreal

Elle subit les problèmes d’une femme qui porte son nom

Une Montréalai­se doit sans cesse expliquer qu’elle n’est pas la bonne Sylvie Maranda

- Améli Pineda

Confondue avec une autre femme qui porte le même nom et qui est née le même jour qu’elle, une Montréalai­se dit être exaspérée d’être pourchassé­e par des agences de recouvreme­nt, et parfois même par le gouverneme­nt.

«Je suis tannée de faire rire de moi quand j’essaie d’expliquer que je ne suis pas la personne qu’ils recherchen­t», lance Sylvie Maranda.

Celle qui croyait avoir un nom de famille peu répandu vit une situation assez exceptionn­elle, comme le confirme le Directeur de l’état civil du Québec. Deux Sylvie Maranda sont bel et bien nées le même jour, de parents différents.

HARCELÉE POUR RIEN

Depuis plus de 20ans, la femme de 52ans dit se retrouver malgré elle dans des situations malencontr­euses.

Le dernier incident, rapporte-t-elle, remonte au 11janvier. L’agence de recouvreme­nt FDR lui a alors réclamé 3000$ relativeme­nt à un emprunt impayé pour l’achat d’une voiture.

«J’ai paniqué, je ne comprenais pas parce que je n’ai même pas d’auto», dit-elle.

La Montréalai­se dit avoir perdu des dizaines de minutes au téléphone à expliquer qu’il y avait erreur sur la personne.

«C’est frustrant. Ils m’ont répondu: “Ils disent tous ça.” Je ne comprends pas comment ils font pour vérifier s’ils appellent la bonne personne», enrage Mme Maranda.

Après avoir parlé à un superviseu­r de l’agence, elle a pu régler le dossier.

«Nous avons fait quelques vérificati­ons et nous avons vu que son histoire était crédible», indique Tony Marando, superviseu­r à l’agence de recouvreme­nt FDR.

Ce dernier explique que, normalemen­t, les coordonnée­s du débiteur sont fournies par le créancier. Lorsque ces informatio­ns ne sont pas disponible­s, l’agence tente de les trouver «sur internet» avec des outils aussi simples que le bottin téléphoniq­ue.

Pour Mme Maranda, cette explicatio­n prouve que les agences de recouvreme­nt manquent de rigueur.

«Je pense qu’ils ne réalisent pas le stress que ça provoque. Je n’ai rien contre l’autre Sylvie, si elle ne veut pas payer ses factures, c’est son problème. Mais pourquoi c’est à moi de me battre chaque fois pour prouver que je ne dois rien?» dit-elle.

À quelques semaines de prendre l’avion pour des vacances, elle est préoccupée.

«J’ai peur qu’un jour, l’autre femme soit recherchée et que ça me tombe dessus. Je pense que je finirais par m’en sortir, mais quand même, juste imaginer que je pourrais passer des heures à me justifier, ça m’inquiète», confie Mme Maranda.

CHANGER D’IDENTITÉ

Mme Maranda déplore que la seule solution soit de changer d’identité.

«Ce qui m’enrage, c’est de constater que c’est à moi de payer pour prouver que je suis correcte», dit-elle.

Un changement de nom de famille coûte actuelleme­nt 135$, sans compter les frais pour le changement de toutes les pièces d’identité: permis de conduire, passeport, carte d’assurance maladie, etc.

Le professeur de droit public Pierre Trudel estime que ce n’est pas aux victimes de payer pour un changement de nom lorsqu’il y a erreur sur la personne.

«Les autorités ont une attitude détestable. Elles agissent comme si c’était la faute de la personne de porter le même nom qu’une autre qui est recherchée», dit-il.

 ??  ?? Sylvie Maranda dit en avoir assez d’être victime d’« erreurs sur la personne », elle qui a les mêmes nom et date de naissance qu’une autre dame. Elle est photograph­iée ici avec l’un des avis de réclamatio­n reçus, et pour lequel elle a dû prouver...
Sylvie Maranda dit en avoir assez d’être victime d’« erreurs sur la personne », elle qui a les mêmes nom et date de naissance qu’une autre dame. Elle est photograph­iée ici avec l’un des avis de réclamatio­n reçus, et pour lequel elle a dû prouver...

Newspapers in French

Newspapers from Canada