Les experts militaires divisés par la question
Le remplacement des coûteux sous-marins canadiens par des drones est loin de faire l’unanimité chez les experts militaires consultés par notre Bureau d’enquête.
Pour Jean-Christophe Boucher, professeur à l’Université McEwan à Edmonton, le Canada n’a carrément «pas besoin de sous-marins».
«Dans le contexte actuel, c’est quelque chose qu’on ne peut pas se payer, illustre-t-il. L’avenir est de toute façon dans les drones sous-marins. Avec les avancées technologiques, cela rendrait les sous-marins pilotés par les humains obsolètes. Comme une charge de cavalerie pendant la Deuxième Guerre mondiale.»
ESSENTIELS
Doctorante en sciences politiques spécialisée dans l’industrie militaire à l’Université Dalhousie, Andrea Lane se montre plus mitigée.
«Personnellement, je crois que les sous-marins sont essentiels pour garder nos côtes. Il se peut que les drones remplacent les sous-marins dans 50 ou 60 ans. Mais pour l’instant, la technologie n’est pas là. Les drones ne peuvent pas collecter autant d’informations que les sous-marins.»
L’armement des drones est aussi primordial, dit-elle. «Actuellement, un drone pourrait détecter un sous-marin russe. Mais il ne pourrait pas l’intimider et le faire sortir de notre territoire. On n’en est pas encore là.»
UN CHOIX À FAIRE
Pour Philippe Dumas, chercheur à l’École nationale d’administration publique, le Canada devra inévitablement se positionner bientôt.
«Si les sous-marins sont principalement utilisés pour de la surveillance, la question se pose: estce que l’on a considéré d’autres options comme des drones, des aéronefs ou des navires?» dit-il.
«D’autres pays ayant une marine comparable ont fait des choix difficiles comme renoncer aux sous-marins. Soit on investit davantage, soit on réoriente notre stratégie en considérant et privilégiant certaines capacités.»