Trump, les artistes et nous
Il était écrit dans le ciel qu’on allait beaucoup se moquer de Donald Trump lors de la cérémonie des Oscars.
Ceux que cela dérange reprochent aux stars d’Hollywood d’être généralement de gauche, d’être privilégiées et de se mêler d’autre chose que de nous divertir.
Bref, on leur en veut d’avoir des convictions, de les exprimer comme vous et moi et, pour être franc, d’être plus riches, plus beaux et plus talentueux que la plupart d’entre nous.
BOUFFONNERIES
Où est le problème de se moquer de quelqu’un qui, au lendemain de son assermentation, téléphone lui-même au directeur des parcs nationaux de Washington pour exiger des photos aériennes «prouvant» ses affirmations fausses sur la foule «record» venue l’acclamer?
Où est le problème de se moquer d’un homme qui fait ministre de l’Énergie un Rick Perry qui voulait abolir ce ministère jusqu’à sa nomination?
Où est le problème de se moquer d’un homme qui raccroche le téléphone au nez du premier ministre d’Australie, un des trois ou quatre alliés les plus fidèles des États-Unis?
Où est le problème de se moquer d’un homme dont le mur à la frontière mexicaine sera finalement payé par les contribuables américains… alors que 40 % des Mexicains illégaux arrivent par avion?
Où est le problème de se moquer d’un président qui attaque publiquement une compagnie américaine pour avoir pris la décision, parfaitement légale et qui ne regarde qu’elle, de ne plus vendre les vêtements de sa fille?
Où est le problème de se moquer d’un homme dont une conseillère, Kellyanne Conway, a inventé un massacre à Bowling Green qui n’a jamais eu lieu?
Où est le problème de se moquer d’un homme qui, la semaine dernière, faisait référence à une terrible tragédie en Suède, où il ne s’est rien passé?
Où est le problème de se moquer d’un homme dont l’épouse poursuit un journal parce que les allégations fausses à son sujet l’ont privée – je cite textuellement – de «l’occasion d’une vie» de faire des millions en étant, à titre de première dame, «l’une des femmes les plus photographiées du monde»?
Où est le problème de se moquer d’un homme dont la liste – illégale à ce jour – des sept pays à majorité musulmane dont les ressortissants ne peuvent entrer aux États-Unis «oublie» l’Arabie saoudite, le pays dont le régime, plus que tout autre, soutient l’islamisme le plus violent et le plus rétrograde?
Où est le problème de se moquer d’un homme qui redéfinit littéralement la susceptibilité, l’arrogance, la vulgarité, le narcissisme et l’inculture?
ZÉRO CLASSE
La question n’est pas de savoir si on partage ou non sa vision du monde. C’est sa façon d’être et celle de sa cour qui donnent aux humoristes tellement de matériel.
En annonçant le mauvais gagnant, les artistes nous ont même offert un moment typiquement «trumpien» où la réalité et la parodie ne se distinguaient plus. Merci!