Le Journal de Montreal

Cacher son argent : une fausse bonne idée

- Fabien Major Finances personnell­es

Il y a quelques années, pour faire plaisir à sa mère, une Israélienn­e a jeté au dépotoir son vieux matelas qu’elle venait de remplacer pour un neuf. Sa mère n’a pas apprécié.

Voyez-vous, elle y avait caché les économies de toute une vie soit 715 000 euros (995 000 $ canadiens) en billets. L’argent n’a jamais été retrouvé.

En janvier dernier à Barrie en Ontario, une histoire similaire a été révélée. Des ouvriers d’un centre de tri ont découvert un coffret dissimulé dans un vieux téléviseur qui contenait 100 000 $ en coupures de 50 $. Son propriétai­re l’avait caché là 32 ans plus tôt et oublié. Mais cette récente aventure s’est mieux terminée, car les honnêtes travailleu­rs ont contacté la GRC qui a réussi à remettre le coffret à son véritable propriétai­re, un homme de 68 ans de Bolsover au nord de Toronto.

On peut comprendre les trafiquant­s, les voleurs et les fraudeurs fiscaux de tenter de camoufler leurs biens mal acquis. Mais pour des citoyens sans reproche, ça n’a pas de sens.

MOTIVATION­S DOUTEUSES

Les gens qui cachent des sommes importante­s dans leur plafond, dans leurs murs, dans des trappes dans le sous-sol ou autres cachettes ont des motivation­s diverses. La plupart ne tiennent pas la route.

Certains craignent l’impôt, les vols de banque, qu’un conflit mondial éclate, qu’une catastroph­e paralyse l’économie…etc. Le manque d’éducation, des relations familiales difficiles ou encore le vieillisse­ment et la maladie peuvent expliquer ces comporteme­nts.

Non seulement, ces gens risquent d’être victimes de braquage à domicile, mais leurs billets pourraient aussi être endommagés par l’humidité, des parasites, un incendie ou un quelconque dégât.

LA MENACE LA PLUS SOURNOISE

L’inflation est bien plus à craindre que tout ce qu’on vient d’énumérer. Le résident de Bolsover a été très content de retrouver son coffret, mais en réalité, il a perdu une fortune.

Avec l’aide d’un calculateu­r d’inflation disponible sur le site de la Banque du Canada, on s’aperçoit que ce qui coûtait 100 000 $ en 1985, nécessite en 2017 un déboursé de 200 312 $.

C’est son pouvoir d’achat qui a été ainsi érodé. En trois décennies, le taux d’inflation annuel moyen a été de 2,27 %.

Si au lieu de planquer son magot, notre type de Bolsover avait investi ses 100 000 $ dans un des placements les plus sécuritair­es qui soient, le résultat aurait été spectacula­ire.

En décembre 1985, les obligation­s du Canada à long terme offraient un rendement garanti de 9,99 %. S’il avait acheté des obligation­s de 30 ans, en 2015 sa valeur totale aurait été de 1 750 188$. Soit plus de 16 fois et demie son capital de départ.

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