Le tout pour le tout
Plus je réfléchis à la situation du Canadien, plus je me dis que le directeur général Marc Bergevin doit y aller le tout pour le tout et tenter une grosse transaction.
Il y aura un prix à payer, mais Bergevin n’a plus le choix. Il doit tenter le grand coup et si jamais le Canadien devait être exclu des séries malgré le changement d’entraîneur, tous les doigts seraient pointés vers lui.
Bergevin doit être créatif et faire une transaction pour aller chercher un joueur comme Matt Duchene ou Evander Kane, ou encore un joueur dont personne ne parle comme Claude Giroux, par exemple. Le statu quo est inacceptable. La possibilité d’acquérir un autre défenseur est aussi envisageable.
C’est bien beau de vouloir protéger l’avenir et attendre que les jeunes se développent, mais si Geoff Molson et Bergevin veulent la coupe Stanley, c’est avec le noyau actuel (Carey Price, 28 ans, Shea Weber, 31 ans et Max Pacioretty, 28 ans) qu’ils vont réussir et le temps presse.
Ils ne rajeunissent pas et la fenêtre du Canadien se rétrécit. Si on ne fait rien, le Canadien va se retrouver comme à mon époque au début des années 2000, c’est-à-dire avec quelques bons vétérans et une bonne petite équipe sans véritable avenir.
Je crois que Bergevin devrait s’inspirer de Jim Rutherford, des Penguins de Pittsburgh, qui, en deux ans, a ramené la coupe Stanley à Pittsburgh en tentant quelques expériences, comme l’acquisition de Phil Kessel.
LE PRIX À PAYER
Bergevin n’a pas de Sidney Crosby ou d’Evgeni Malkin dans sa formation, mais il doit améliorer son équipe. Ce sont parfois des joueurs que tu n’attends pas qui te font gagner, comme le gardien Matt Murray l’an dernier.
À ce stade-ci, Bergevin a deux solutions. Il vend et repart à zéro comme les Maple Leafs de Toronto et les Blackhawks de Chicago l’ont déjà fait, ou encore il renforce l’équipe pour le court et le moyen termes. Ne pas transiger serait gaspiller de belles années du noyau.
Comme le Canadien n’imitera pas les Leafs et les Hawks, Bergevin doit donc transiger, quitte à laisser partir des choix de première ronde, des espoirs comme Mikhaïl Sergachev, Noah Juulsen et Michael McCarron, ou encore Brendan Gallagher ou même Alex Galchenuyk. D’autres joueurs peuvent être ajoutés dans une transaction majeure.
Galchenyuk a du talent, mais on ne sait même pas encore si on veut le faire jouer au centre ou à l’aile. Difficile de progresser dans ces circonstances. Est-ce qu’on va se brancher ou attendre que sa valeur baisse avant de l’échanger, comme on l’a fait avec Lars Eller, par exemple?
Soyons sérieux. Même si Price connaissait d’excellentes séries éliminatoires, je vois mal comment la formation actuelle du Canadien pourrait gagner plus qu’une ou deux rondes.
NOUVEAU CONSTAT
J’admets que mon discours a changé depuis novembre, mais nous étions alors tous épatés par l’excellent début de saison du Tricolore et j’ai dit que le Canadien, sans être favori, faisait partie des aspirants à la coupe Stanley.
J’ai changé d’idée à la suite de ce qu’on a vu au cours des deux derniers mois. Je me rends compte que c’est Price qui a changé la donne en début de saison et le fait que les attaquants de profondeur produisaient. On croyait que tout était possible, mais même avec Price en grande forme, le Canadien est condamné à jouer une ou deux rondes. Et encore doit-il se qualifier pour les séries.
– Propos recueillis par Gilles Moffet