Le CH vend de l’espoir
marc de foy
Les inconditionnels du Canadien qui souhaitaient un coup d’éclat de Marc Bergevin sont déçus. Les véhiculeurs de rumeurs sont surpris, encore une fois, que les spéculations qu’ils rapportaient dans les réseaux sociaux ne se soient pas concrétisées.
Il faudrait bien que ces derniers finissent par comprendre que le plafond salarial rend impossibles des marchés impliquant des joueurs de renom à la date limite des transactions.
Les équipes se bâtissent l’été et, une fois passé ce délai, les décideurs doivent composer avec les gros pions qu’ils ont choisis.
Tout directeur général vous dira aussi ce que Marc Bergevin a dit en point de presse après sa journée de travail, hier.
«On n’obtient pas un gros joueur sans en donner un gros en retour», a-t-il rappelé.
C’est ce qu’il a fait l’été dernier quand il a échangé P.K. Subban, que l’on reverra sur la patinoire de ses premiers succès ce soir, pour mettre la main sur Shea Weber.
PAS LES CHEVAUX POUR GAGNER
Parmi les nombreuses questions qui lui ont été posées, Bergevin a dit notamment qu’il ne croit pas au principe selon lequel une équipe a une fenêtre de temps pour aspirer à la coupe Stanley.
Ce n’était pas la première fois qu’il faisait cette affirmation. Lors de son bilan de la première moitié de saison, il avait dit ne pas accorder d’importance à cette notion.
S’il s’inscrit en faux, c’est peut-être parce qu’il ne croit pas au fond de lui-même que son équipe possède tous les atouts pour remporter les grands honneurs.
Mais ça, il ne peut pas le dire.
PRIS DANS UN CUL-DE-SAC
Le Canadien, comme toutes les équipes qui sont dans sa position, vend de l’espoir.
Dernièrement, un recruteur professionnel des Rangers me racontait à quel point il est difficile pour les organisations qui se maintiennent en milieu de peloton d’avoir une chance de remporter la coupe.
Au cours des huit dernières saisons, le Saint Graal du hockey a été remporté par trois équipes qui sont reparties à zéro et qui ont souffert plusieurs années avant d’arriver au sommet. Les Blackhawks l’ont emporté trois fois, les Kings et les Penguins deux fois.
Bergevin a fait l’exercice quand un confrère lui a demandé si l’unique façon de se rendre à la coupe est de rebâtir à neuf.
Ça veut tout dire.
LES EFFETS D’UN MAUVAIS ÉCHANGE
Seuls les Bruins ont dérogé à la règle. Mais leur ancien directeur général Peter Chiarelli avait fait de Zdeno Chara, qu’il connaissait bien en tant que son ancien agent, la pièce maîtresse de ses travaux de reconstruction en lui offrant un pont d’or pour le sortir d’Ottawa.
L’acquisition de Chara avait compensé la perte de Joe Thornton, que son prédécesseur Mike O’Connell avait cédé aux Sharks l’année précédente.
Comme Bergevin l’a dit hier, c’est facile de faire de mauvais échanges.
Je ne connais pas la véracité de cette histoire qui disait que Bergevin s’entretenait avec Ron Hextall au sujet de Claude Giroux.
Par contre, le chroniqueur Marcus Hayes, du Philadelphia Inquirer, écrivait mardi que Giroux n’est plus le joueur des beaux jours. Un autre journaliste affecté à la couverture des Flyers depuis des lunes m’a dit la même chose.
Avec cinq ans à faire à son contrat, à un salaire de 8,275 M$ applicable dans la masse salariale, Giroux représente un gros risque.
On ne voudrait pas revoir un nouveau cas Scott Gomez.
LES OILERS ET LES LEAFS SE POSITIONNENT
Où tout ça place le Canadien? Il y a ceux qui ont une foi inébranlable et qui croient, comme l’affirme Bergevin, que tout devient possible une fois en séries, pour une équipe qui mise sur un gardien de la trempe de Carey Price.
On l’a vu avec Patrick Roy lors des deux dernières coupes remportées par le Canadien. Mais ça relève de l’improbabilité.
Ce sombre constat ne met aucunement en doute les compétences de Bergevin. Plusieurs autres directeurs généraux de la LNH font face au même dilemme que lui.
Mais un jour pas très lointain, des équipes comme les Oilers et les Leafs pourraient fort bien passer devant le Canadien.
Edmonton ou Toronto, peut-être les deux villes, pourraient célébrer la prochaine conquête tant attendue de la coupe Stanley par une équipe canadienne après avoir rebâti de la cave au grenier.