Un ancien espoir du CH frustré
L’ex-hockeyeur craint que l’homme qui en a abusé sexuellement une centaine de fois ne fasse pas de prison
GRANBY | Un ancien espoir du Canadien est frustré par la possibilité que l’homme qui l’a agressé sexuellement pendant 10 ans puisse recevoir une peine plus légère parce qu’il est malade.
Troisième choix au repêchage du Canadien en 1990, Charles Poulin trouve difficile que son parrain Rosaire Poulin, qui l’a agressé plus d’une centaine de fois, puisse s’en sortir aussi facilement.
«On dit qu’il est vieux et malade, mais moi j’étais jeune et innocent», a protesté l’homme de 44 ans.
L’ancien joueur de centre reste encore très marqué par les agressions sexuelles que son parrain lui a fait subir de l’âge de 4 ans jusqu’à 14 ans.
M. Poulin a eu des épisodes dépressifs, de toxicomanie et d’alcoolisme avant de porter plainte en 2014, 25 ans après les dernières agressions sexuelles.
Les crimes commis comprennent des attouchements sexuels, des fellations et de la sodomie.
«C’a brisé ma famille. C’a brisé ma vie», a-t-il exposé lors des observations sur la peine, hier, au palais de justice de Granby.
Le 30 novembre dernier, Rosaire Poulin a été déclaré coupable de trois chefs d’accusation de grossière indécence et d'agression sexuelle.
Il n’a jamais reconnu les crimes qui lui sont reprochés et n’a jamais exprimé de remords envers son filleul.
TROP MALADE ?
La procureure de la Couronne, Me Valérie Simard-Croteau, insiste pour que l’agresseur, âgé de 79ans, purge une peine de détention. Elle demande une sentence de 42 à 60 mois de prison.
L’avocat de la défense, Me Nicolas Lemyre-Cossette, trouve pour sa part que son client devrait recevoir une peine de deux ans moins un jour qu’il purgerait dans la collectivité.
Selon lui, l’état de santé de Rosaire Poulin se détériore rapidement, si bien qu’il a besoin de soins spécialisés 24 heures sur 24. Il estime également que le septuagénaire ne représente pas un danger pour la société.
«Je ne suis plus capable de rien faire par moi-même. Même pas mon hygiène personnelle», a-t-il dit au juge Erick Vanchestein.
La Couronne fait cependant valoir que des pénitenciers fédéraux sont équipés pour dispenser ce genre de soins. Ils seraient donc en mesure d’accueillir l’accusé.
Le juge Vanchestein rendra sa décision sur la peine le 24 mars prochain.