Le Journal de Montreal

La laïcité crucifiée

- Richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Je ne suis pas en état de panique avancée, je ne déchire pas ma chemise ni ne grimpe aux rideaux, je suis d’accord pour dire qu’il y a des dossiers autrement plus urgents à régler au Québec, mais vu que vous me le demandez, je vais revenir sur le sujet une fois de plus.

Je crois que les crucifix n’ont pas leur place dans les institutio­ns publiques, que ce soit les écoles, les cours de justice ou – eh oui – les hôpitaux.

MÊME BERNARD DRAINVILLE NE COMPREND PAS!

Un signe religieux est un signe religieux.

On ne peut pas dire: «On ne veut pas des signes religieux des autres, mais on veut garder les nôtres.»

Ou on les enlève, ou on ne les enlève pas. Ou on les accepte, ou on ne les accepte pas.

La laïcité s’applique à tout le monde et à toutes les religions. Un État neutre, c’est un État neutre. Il ne peut pas être neutre à 75%. Accepter les crucifix, mais refuser les autres signes religieux sous prétexte qu’ils «ne font pas partie de notre histoire et de notre patrimoine», ça s’appelle de la discrimina­tion.

Le plus découragea­nt dans toute cette saga est que même le «père de la charte des valeurs», Bernard Drainville, ne semble pas comprendre le concept de laïcité qu’il défendait pourtant bec et ongles il y a peu de temps!

Il a demandé aux Québécois de signer une pétition pour retourner le crucifix à l’hôpital Saint-Sacrement.

J’ai de la difficulté à croire que monsieur Drainville ne saisisse pas les bases du concept de laïcité dont il était le chantre, le champion…

À moins que l’ex-ministre devenu animateur radio mette volontaire­ment de l’eau bénite dans son vin pour flatter ses auditeurs dans le sens du poil et leur dire ce qu’ils veulent entendre.

Le PQ a instrument­alisé la charte pour gagner ses élections. Le père de la charte instrument­aliserait le crucifix pour augmenter ses cotes d’écoute.

LES FAUX LAÏCS

Certains disent que le crucifix n’est pas un signe religieux, mais un symbole patrimonia­l. S’il vous plaît…! C’est comme les sikhs qui disent qu’un poignard n’est pas une arme blanche, mais un symbole religieux.

Ceux qui défendent la présence du crucifix dans les hôpitaux seraient les premiers à capoter si, demain, on ouvrait un espace de prière pour accommoder les musulmans dans une école ou dans un hôpital…

Faites-vous une idée: vous êtes pour ou contre l’intrusion de la religion dans l’espace public?

Si vous êtes pour, vous êtes pour. Si vous êtes contre, vous êtes contre.

Pas de «oui, mais…» ou de «non, mais…»

Ça me fait mal au coeur d’écrire ça, mais je dois donner raison aux anticharte­s: examinez un adepte de la laïcité à la loupe et vous découvrire­z trop souvent un ardent défenseur du catholicis­me qui utilise sa sacrosaint­e doctrine pour faire taire les autres religions et défendre «la sienne»…

L’ABC D’UNE IDÉE

Et si on enseignait la laïcité dans les cours d’éthique et de culture religieuse?

On pourrait envoyer les notes de cours à Bernard Drainville…

Cela dit, le Québec n’est pas encore un État laïc. Malheureus­ement…

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Un État ne peut être neutre à 75 %.
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