Le Journal de Montreal

Montréal attire moins d’immigrants

Leur nombre a chuté de 20 % depuis 2012-2013, notamment en raison de l’attrait des régions selon des experts

- Christophe­r Nardi @ChrisGNard­i

Les débats identitair­es depuis la controvers­e sur les accommodem­ents raisonnabl­es et une réduction des emplois stables disponible­s pour les nouveaux arrivants ont tous eu un effet négatif sur l’immigratio­n à Montréal, qui est au plus bas taux depuis plus d’une décennie, croient plusieurs experts.

«On observe un mouvement de malaise un peu plus soutenu par rapport à l’immigratio­n, notamment depuis la soi-disant crise des accommodem­ents raisonnabl­es il y a quelques années, qui a mis le feu aux poudres», observe d’emblée Jonathan Chodjaï, président du guide Immigrant Québec.

Ce «malaise» semble avoir eu des répercussi­ons notables sur l’arrivée de nouveaux immigrants à la métropole. Montréal a accueilli 30 000 nouveaux résidents en provenance de l’extérieur du pays en 2014-2015, le plus bas nombre depuis 2002. Cela représente une chute d’environ 20 % depuis 2012-2013, selon un portrait publié par la Ville récemment.

Selon M. Chodjaï, le débat de la Charte des valeurs du Parti québécois en 2012 ainsi que le protection­nisme identitair­e avancé par la CAQ et le PQ cet été ont renforcé ce malaise parmi les nouveaux arrivants.

ATTRAIT DE LA RÉGION

De plus en plus d’immigrants qui arrivent dans la Belle Province évitent la grande ville pour plutôt s’installer en région. Un phénomène lié aux meilleures possibilit­és d’emplois et aux loyers moins chers, ajoute Annick Germain, professeur­e spécialist­e en immigratio­n à l’INRS.

Selon elle, le gouverneme­nt provincial fait beaucoup d’efforts pour «régionalis­er» l’immigratio­n, et les effets se font maintenant ressentir.

«Je ne suis pas inquiète pour l’avenir de Montréal, mais c’est sûr que le coût des loyers qui augmente n’avantage pas la métropole […]. Les immigrants sont maintenant très mobiles et vont chercher de meilleures opportunit­és d’emploi en région», analyse la professeur­e, qui n’exclut pas la question identitair­e comme facteur également.

MEILLEURE INTÉGRATIO­N

Une croissance de population plus lente n’est tout de même pas une mauvaise chose, car elle permet à l’administra­tion municipale et à la population locale de graduellem­ent intégrer les nouveaux arrivants dans un contexte d’instabilit­é identitair­e, analyse pour sa part Richard Shearmur, professeur au départemen­t d’urbanisme de l’Université McGill.

«Des taux de croissance de population modérés sont une très bonne chose. La Ville de Calgary a beaucoup souffert de sa croissance fulgurante depuis les 15 dernières années, notamment à cause de bulles immobilièr­es et d’un rattrapage au niveau des infrastruc­tures. C’est à éviter», indique M. Shearmur.

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La directrice générale de la Maison d’Haïti, Marjorie Villefranc­he, croit que les immigrants qui arrivent au Québec sont beaucoup plus attirés vers les régions que par la métropole, car c’est là qu’on trouve le plus d’emplois stables et payants.
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