Le Journal de Montreal

Récréatif et thérapeuti­que à la fois ?

- ANNABELLE BLAIS

L’idée que la consommati­on de cannabis est dangereuse, que plusieurs parents martèlent à leurs ados depuis des décennies, n’est pas toujours basée sur la recherche, estime une chercheuse.

Selon Natalie Castellano­s Ryan, de l’École de psychoéduc­ation de l’Université de Montréal, il manque notamment d’études longitudin­ales pour comprendre l’effet à moyen et long terme de la marijuana.

Certaines hypothèses laissent croire que les effets négatifs sont plus importants si on commence à fumer du cannabis très tôt à l’adolescenc­e.

Mme Castellano­s Ryan a eu l’occasion d’approfondi­r la question avec son équipe en étudiant près de 300 garçons pendant sept ans.

Ses résultats récemment publiés dans la revue Developmen­t and Psychopath­ology des Presses universita­ires de Cambridge démontrent que les garçons de 20 ans qui ont commencé à fumer du cannabis à 14 ans ont obtenu de moins bons résultats à des tests cognitifs (une mauvaise mémoire, par exemple) que ceux qui n’avaient jamais consommé la drogue.

AU MOINS 17 ANS

Cependant, si l’adolescent avait commencé à fumer à 17 ans ou plus tard, les résultats aux tests n’ont pas révélé de différence avec ceux qui n’avaient jamais fumé.

«Le message à envoyer aux jeunes serait plutôt de leur dire d’attendre d’avoir au moins 17 ans avant d’essayer le cannabis», dit-elle.

«On a plusieurs études qui démontrent que le cannabis fumé chez les jeunes augmente les risques de dépression et d’anxiété et les risques de faire une psychose», précise toutefois la Dre Gabriella Gobbi, psychiatre au Centre universita­ire de santé McGill.

Quant aux études sur le cannabis médical, plusieurs vertus thérapeuti­ques lui ont été attribuées.

«Les études tendent à démontrer que la substance a des effets pour traiter la douleur et aide la relaxation musculaire chez les gens avec la sclérose en plaques», ajoute la Dre Gobbi.

«Il y a un certain mouvement pour faire des recherches sur le cannabis médical au Canada, ça commence à bouger, ajoute-t-elle. On est vraiment au début.»

Selon le Dr Mark Ware, spécialist­e de la recherche sur le cannabis au centre de recherche de l’Université McGill, la légalisati­on du cannabis aidera la recherche et permettra de faire un meilleur suivi en matière de santé publique, en plus de mettre une pression sur le milieu pour améliorer nos connaissan­ces.

«Le défi est de créer les programmes qui permettron­t d’obtenir ces données. Et il ne faut pas attendre la légalisati­on pour les mettre en place.»

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