Aveu de faiblesses
LE ROMAN DE LA SEMAINE
Un brillant roman qu’on a lu avec un sentiment croissant de révolte, l’histoire de son héros dévoilant sans fard les pires dessous du genre humain.
Il y a des enfants plus chanceux que d’autres. Plusieurs seront par exemple gâtés durant toute leur jeunesse par des parents aimants, tandis que certains hériteront naturellement d’une assurance, d’un physique avenant ou de capacités intellectuelles qui leur permettront plus tard de se démarquer et d’évoluer aisément dans la société.
À 16 ans, Yvan Gourlet a ainsi compris depuis longtemps qu’il appartenait à la catégorie des malchanceux, pas un jour ne passant sans qu’on se moque de lui. Car en plus d’être carrément laid, sa terne personnalité l’a toujours poussé à céder aux exigences de sa mère: parce qu’elle aime passer le plus clair de ses temps libres à sculpter des animaux dans des mottes de beurre, Yvan a fini par devenir obèse en mangeant quotidiennement quantité de tartines beurrées; et parce qu’elle collectionne les étiquettes collées sur le couvercle des boîtes de fromage, Yvan fouille régulièrement les poubelles des usines de Montespieux-sur-la-Dourde, petit village du nord de la France où il sera bientôt accusé de meurtre, le corps d’un des gamins qui le houspillaient ayant été retrouvé à quelques mètres de la décharge qu’il privilégiait pour récolter des emballages de camembert presque intacts.
À partir de là, on assistera à une révoltante mascarade judiciaire. Prêt à tout pour plaire à sa mère, Yvan acceptera d’être défendu par un minable avocat et d’avouer n’importe quoi à l’inspecteur malintentionné qui le cuisinera en savourant d’avance sa victoire. Du coup, Yvan sera condamné pour un crime qu’il n’a sans doute pas commis.
Décrivant avec une bouleversante vraisemblance la réalité des faibles, ce roman coup de poing risque d’en frapper plus d’un.
Aveu de faiblesses Frédéric Viguier Aux Éditions Albin Michel, 224 pages