Analyse d’une société en crise
Après avoir publié Cosmos, premier tome d’une Brève encyclopédie du monde, le philosophe français Michel Onfray retrace toute l’histoire de l’Occident dans le deuxième tome de cette trilogie, Décadence. Il entrevoit la fin inexorable de la civilisation ju
Michel Onfray fait le tour de l’histoire occidentale, des débuts du christianisme jusqu’au nihilisme contemporain, sans mettre de côté les épisodes de fascisme et de fanatisme, dans cette brique de plus de 650pages. Le livre se termine par un fascinant chapitre sur l’effondrement du mur de Berlin et la montée de l’islamisme, l’arrivée de Ben Laden, les attentats du 11septembre 2011, de Charlie Hebdo et les autres tragédies liées aux actes terroristes.
Avec Décadence, Michel Onfray souhaitait inscrire les choses dans une plus longue durée. «Je me demande d’où viennent les choses. Il y a du terrorisme. On peut toujours dire, c’est pas bien, condamner, être dans la morale moralisatrice, allumer des bougies, déposer des peluches. Tout cela peut se faire, bien sûr, mais ce n’est pas un travail de philosophe. Le philosophe dit: d’où vient le terrorisme? Pourquoi une personne s’est comportée comme ça et agit de telle manière?», explique-t-il en entrevue.
Le terrorisme au quotidien
Il fait remarquer qu’aux informations télévisées, le terrorisme fait maintenant partie du quotidien. «Il est souvent question de terrorisme, de bombes qui explosent, d’attentats. Depuis les Twin Towers, on voit bien que c’est devenu l’actualité de l’Occident.»
Il a choisi d’examiner la situation en profondeur, en prenant son temps. «Si on veut vraiment aborder les choses en philosophe, il faut faire de l’histoire, et s’il faut faire de l’histoire, il faut vraiment la faire dans les grandes largeurs. C’est-à-dire penser en termes de civilisations et replacer le détail, l’histoire actuelle, le quotidien dans une vraie longue perspective de l’histoire de notre civilisation. Voilà pourquoi c’est un gros livre.»
L’heure est aux prises de conscience. «Comme on est en guerre – je parle de la France –, on a un discours belliciste, exactement comme pendant la Guerre 14-18, où on donne de fausses informations. On a le bien d’un côté, le mal de l’autre, alors que les choses ne se passent pas comme ça.»
Il précise. «On sait très bien, si on fait un peu de psychologie, de philosophie, de sociologie, d’histoire, plutôt que de la morale moralisatrice, il faudrait replacer les choses dans leur contexte et expliquer d’où vient cette guerre plutôt que de dire qu’elle est pas belle et qu’elle est pas bonne. On est tous d’accord que les guerres ne seront jamais belles et bonnes.»
À son avis, il est plutôt question d’expliquer d’où vient cette «petite guerre», ce terrorisme, cette guérilla urbaine. «Et puis se dire: maintenant qu’on a fait un travail de généalogiste et qu’on sait d’où ça vient, on peut éventuellement faire un travail de médecin pour savoir si on peut soigner.»
Décadence Michel Onfray Éditions Flammarion 652 pages