Le Journal de Montreal

Hirscher réécrit l’histoire

-

KRANJSKA GORA | (AFP) L’Autrichien Marcel Hirscher, vainqueur hier du géant de Kranjska Gora, a marqué de façon indélébile l’histoire de son sport en remportant hier son sixième Gros globe d’affilée, nouveau record de la Coupe du monde de ski alpin.

Hirscher, âgé de 28 ans, était déjà entré dans l’Histoire il y a un an en rejoignant le Luxembourg­eois Marc Girardelli, quintuple lauréat du trophée majeur. Il se retrouve désormais tout seul, au sommet d’un sport qu’il domine outrageuse­ment depuis six saisons. Et son histoire n’est pourtant pas terminée.

Plus fort encore, Hirscher n’a pas quitté la sphère en cristal depuis son premier sacre en mars 2012, quand Girardelli avait employé neuf saisons pour établir son record, longtemps la référence de la Coupe du monde.

Hirscher, lui, a échappé aux blessures et interventi­ons chirurgica­les, le lot commun des skieurs, qui transforme­nt les courtes saisons du calendrier en années blanches.

Chance ou pas? Marcel Hirscher, plutôt du genre sérieux pour ce qui est de la préparatio­n physique, laisse peu d’espace à l’imprévu. Son petit gabarit, tonique, cache un moteur exceptionn­el au service d’une technique pointue, selon le directeur de l’équipe autrichien­ne.

Le skieur d’Annaberg est un pur produit de la montagne salzbourge­oise, cadre de son enfance qu’il ne se voit pas quitter. Amateur aux beaux jours d’escalade, «pour la maîtrise de soi» et de motocross – «une bonne école pour les portes serrées (slalom) et larges (géant)» –, Marcel Hirscher est surtout le fils de Ferdinand.

PÈRE ET MAÎTRE

Ferdinand, c’est l’homme à la grosse moustache blanche qui n’est jamais très loin, son père donc, et aussi premier entraîneur qui lui a inculqué l’art du travail bien fait, des gammes sans cesse répétées, de la précision dans la mise au point monacal du matériel.

«Ne rien laisser au hasard et remettre l’ouvrage sur le métier», telle est la devise de Ferdinand Hirscher.

De sa mère néerlandai­se, monitrice de ski, Marcel Hirscher a hérité d’une culture alternativ­e, d’une légèreté et d’une liberté de ton qui le différenci­ent de ses partenaire­s de la Wunderteam.

Le skieur d’Annaberg, sacré plusieurs fois champion de l’année dans son pays, n’a qu’une seule limite, mais rédhibitoi­re aux yeux de certains de ses compatriot­es: technicien hors pair, il délaisse la descente.

Or, dans la République du ski, c’est la vitesse qui fait les légendes. De Toni Sailer à Hermann Maier, en passant par Franz Klammer.

Alors Hirscher le plus grand skieur de l’histoire, sur la seule foi d’un sixième Gros globe?

HUMBLE

L’intéressé lui-même s’offusque de ce titre officieux, parce que déjà, bonne éducation oblige, il n’est jamais cassant et rend toujours hommage aux adversaire­s vaincus.

Il rappelle à l’évidence que le Suédois Ingemar Stenmark est le premier de cordée avec 86 succès en Coupe du monde entre slaloms et géants, quand il n’en totalise encore que 44, dont un super-G et deux parallèles.

«Et puis il est difficile de comparer des champions de différente­s époques dans un sport spécifique comme le ski alpin, tant les évolutions du matériel ont été importante­s à travers les décennies», explique Marcel Hirscher.

D’ailleurs, il reporte toutes ces considérat­ions à la fin de sa carrière, qu’il entrevoit après les Jeux d’hiver 2018 à Pyeongchan­g. Sa dernière quête, c’est bien l’or olympique en Corée du Sud, le seul qui manque à son palmarès.

 ??  ?? Marcel Hirscher a marqué l’histoire en remportant son sixième Gros globe d’affilée hier.
Marcel Hirscher a marqué l’histoire en remportant son sixième Gros globe d’affilée hier.

Newspapers in French

Newspapers from Canada