Les phoques mécaniques toujours à l’oeuvre
Deux CHSLD de Montréal les utilisent auprès des aînés déments
Les controversés phoques mécaniques de 6000 $ achetés par deux CHSLD de Montréal pour interagir avec des aînés sont encore bien présents et réconfortent les résidents qui les cajolent, a constaté Le Journal.
«Qu’est-ce que tu veux, mon petit coco?» demande Pierrette Ainey, âgée de 91ans, ajoutant: «Je ne veux pas lui faire mal.»
PHOQUE DE SIX LIVRES
«Il est pesant!» note sa voisine Annette Guérin, 82 ans, qui le caresse en le berçant.
Officiellement, le blanchon mécanique de plus de six livres aux grands yeux attendrissants s’appelle Paro.
«Mais chacun lui donne le nom qu’il veut», dit Céline Lacroix, éducatrice spécialisée au CHSLD Joseph-François-Perrault.
Voilà sept ans que les fondations de deux CHSLD du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Estde-l’Île-de-Montréal ont acheté des phoques mécaniques de 6000 $.
En 2012, l’idée avait suscité la controverse jusqu’à l’Assemblée nationale. Lors d’un débat au sujet de coupes dans les CHSLD, le ministre libéral de la santé, le Dr Yves Bolduc, avait vanté les vertus thérapeutiques de ces blanchons en peluche.
OUTIL POUR CALMER
Plusieurs avaient remis en cause l’achat de phoques mécaniques pour humaniser les soins, et s’en étaient même moqués. Cinq ans plus tard, les peluches sont toujours utilisées au CHSLD SaintMichel et à Joseph-François-Perrault, surtout auprès des gens déments.
«Les gens ne connaissent pas ça, et ils ont parlé à travers leur chapeau, dit Mme Lacroix. C’est un outil qui calme les gens, réduit l’anxiété et permet d’entrer en relation.»
Considéré comme un outil de zoothérapie, le phoque présente des avantages par rapport aux vrais animaux (pas d’allergie, pas d’entretien, etc.).
Développé au Japon, il est muni de capteurs et ses mouvements sont instinctifs, selon la façon dont on le touche. Réagissant à la chaleur et à la lumière, Paro lève la tête, ronronne et émet des sons. Et pourquoi un phoque?
PAS COMME UN CHIEN
«Parce qu’on n’a pas de référence au comportement, comme un chien ou un chat», dit Mme Lacroix. Certains nous demandent s’il est vivant.On les laisse décider ce qu’ils veulent penser.»
Lors du passage du Journal, les deux dames qui l’utilisaient ont beaucoup discuté entre elles ou avec le phoque, souriant chaque fois que le blanchon émettait un son.
Au ministère de la Santé, aucun programme n’est en place pour l’achat de phoques. Selon nos informations, seuls ces deux CHSLD s’en sont procuré. La durée de vie de ces phoques est d’environ 10 ans.