Pour plus de femmes en politique
En cette veille de la Journée internationale des femmes, l’idée d’agir enfin concrètement pour augmenter le nombre de femmes en politique arrive à point nommé. Courtoisie d’un comité lancé par l’ex-ministre péquiste Marie Malavoy, l’initiative regroupe plusieurs anciennes parlementaires, tous partis confondus.
Considérant que les femmes forment un peu plus de 50 % de la population québécoise, elles proposent aux partis politiques de s’engager à présenter au moins 40 % de candidates aux élections. Pas seulement dans les comtés sacrifice, mais aussi dans des circonscriptions prenables.
«L’idée, précise Mme Malavoy, c’est de reconnaître qu’on n’y arrivera pas si on ne prend pas des moyens» pour le faire. Traduction: la patience des femmes a assez duré.
BOYS CLUB
Dans le «boys club» de la politique, où même le harcèlement sexuel des femmes n’est toujours pas éradiqué, la pensée magique ne suffit tout simplement plus.
La proportion de femmes siégeant à l’Assemblée nationale est famélique. Réduite à 27,2 % depuis l’élection de 2014, elle a même régressé. À l’élection de 2012, elle était de 32,8 %. À la Chambre des communes, avec 26 % d’élues, le portrait n’est guère plus réjouissant. Et cela n’est pas un «fait alternatif».
Dans ces lieux de pouvoir où les politiques publiques sont débattues et adoptées, les hommes sont encore fortement majoritaires. Peu présentes aussi dans les «premiers cercles» des ministres et premiers ministres, plusieurs femmes membres du personnel politique sont également moins bien payées que leurs collègues masculins.
Les causes réelles de la persistance d’une telle iniquité sont nombreuses et complexes. On cite souvent la difficile conciliation travail-famille ou l’insécurité des femmes. On parle pas mal moins souvent des facteurs qui leur sont externes.
EFFET DE BLOCAGE
Un des principaux facteurs étant l’effet de blocage partiel exercé par des réseaux de pouvoir essentiellement composés d’hommes. Et ce, depuis des lustres. Le réseautage entre hommes, on le sait, sévit encore dans plusieurs milieux. En politique, il sévit toutefois beaucoup.
Ces réseaux se tissent même souvent dès l’enfance. Véritables pépinières à futures élites politiques, certains collèges privés parmi les plus réputés séparent les filles des garçons dans leurs premières années de formation.
Au lieu d’attendre un miracle, les propositions du comité formé par Mme Malavoy ont le mérite d’être proactives. Y compris celle d’instaurer un «mentorat» pour mieux former de futures candidates.
C’est maintenant aux partis plus traditionnels d’y répondre. Comme l’ont fait Jean Charest et Justin Trudeau, la «parité» hommes-femmes au conseil des ministres indiquait déjà la voie. Or, à moins de 30 % d’élues, cette «parité» limitée cache la forêt. Le vrai problème étant la sous-représentation chronique des femmes dans nos parlements.
Pour citer la journaliste Pascale Navarro dans son livre Femmes et pouvoir: il faut que les femmes «soient présentes non pas pour exercer une influence, mais pour contribuer aux décisions» et «modeler la politique». «Atteindre la mixité dans nos instances sera la seule façon d’y arriver.»