Le Journal de Montreal

Entouré de mesures d’exception

- ERIC THIBAULT

La prison de Rivière-desPrairie­s, qui a «accueilli» Benjamin Huson-Barbeau au lendemain de son évasion, a pris les grands moyens pour éviter toute récidive.

Depuis bientôt quatre ans, on le garde en solitaire dans une cellule d’un «secteur de classement restrictif en raison du risque qu’il représente», a expliqué en cour la directrice du deuxième centre de détention en importance de la province, Line Fortin.

Sans contact physique avec aucun autre détenu, HudonBarbe­au est logé dans l’aile P-2, où il n’a que deux voisins qu’il ne peut pas voir, leurs cellules étant situées côte à côte. Il doit prendre ses repas derrière les barreaux et non à la cafétéria.

Dès qu’il sort de sa cellule, ses poignets et ses chevilles sont menottés et reliés par une chaîne. Deux gardiens doivent l’escorter dans tous ses déplacemen­ts.

Il peut sortir prendre l’air une heure par jour, mais seul, dans une cour au toit grillagé. Il peut aussi passer trois heures par jour dans une aire commune pour regarder la télé, mais les autorités s’arrangent pour qu’aucun autre détenu ne s’y trouve en même temps que lui.

PLAINTES À RÉPÉTITION

Pas de gymnase, pas de cours, pas de programme de réhabilita­tion, a déploré son avocat, Me François Bérichon, en estimant que cette «isolation» viole les droits constituti­onnels de son client.

Seulement 17 des 540 prisonnier­s de Rivière-des-Prairies ont le même traitement.

«Monsieur a visiblemen­t de la difficulté à respecter les règles en détention», a insisté Mme Fortin.

Elle a témoigné que HudonBarbe­au a inondé le système carcéral de 90 plaintes de toutes sortes à sa première année à «RDP». Le comité chargé de traiter ces plaintes l’a déclaré «quérulent» et ne reçoit plus ses doléances.

«C’est très rare de voir ça», a précisé la directrice.

Hudon-Barbeau a également reçu 27 rapports disciplina­ires, notamment pour avoir injurié ou menacé des agents correction­nels.

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