Le Journal de Montreal

L’ex-entraîneur de ski aurait tenté de blâmer une skieuse

Accusé d’agressions sexuelles, il a été chassé de l’équipe nationale en 1998

- CLAUDIA BERTHIAUME

Lorsque l’ex-entraîneur de ski Bertrand Charest a été chassé de l’équipe nationale en mars 1998, il aurait tenté de blâmer l’une des skieuses qui l’a dénoncé.

«Regarde ce que tu as fait», aurait lancé le coach déchu à Nancy (nom fictif ) lorsqu’il a été renvoyé chez lui par un dirigeant de Canada Alpin au beau milieu d’une compétitio­n en France.

«Il a commencé à me blâmer», a résumé l’ex-skieuse, qui témoignait par visioconfé­rence hier, au palais de justice de Saint-Jérôme.

Après quelques mois de «relation» avec son coach, Nancy n’en pouvait plus.

Il y aurait eu des baisers, du sexe oral et des relations sexuelles complètes, généraleme­nt dans des hôtels européens.

«C’était un environnem­ent malsain. J’étais dans une position où j’avais besoin de lui pour réussir [en ski]», a souligné la victime alléguée.

Nancy a dit au juge Sylvain Lépine avoir essayé à maintes reprises de se sortir de cette situation.

MENACE DE SUICIDE

Charest aurait tenté de la retenir en lui disant qu’il cesserait d’être son coach ou encore qu’il se suiciderai­t si elle le quittait. «J’étais brisée émotionnel­lement. J’étais prise au piège par cet homme et je ne savais pas comment le sortir de ma vie», a relaté la femme aujourd’hui dans la trentaine.

À la fin des années 1990, Nancy faisait partie de l’équipe nationale de ski alpin. Elle était tout juste majeure.

L’athlète se trouvait en Europe avec son équipe lorsqu’elle a décidé de tout avouer. Chantal, une autre skieuse venue témoigner la semaine dernière, a fait de même. Les deux jeunes femmes savaient aussi que leur entraîneur était «amoureux» d’une de leurs coéquipièr­es.

Il n’en fallait pas plus pour qu’un dirigeant de Canada Alpin se rende en France dès le lendemain pour suspendre Bertrand Charest.

«Ils [les dirigeants] ne l’ont pas congédié, ils l’ont laissé démissionn­er», a déploré Nancy hier.

L’ex-entraîneur n’a pas fait l’objet d’accusation­s criminelle­s à l’époque. Mais l’homme de 51 ans subit actuelleme­nt son procès pour 57 chefs de contacts sexuels et d’agression sexuelle sur 12 jeunes skieuses, âgées de 12 à 19 ans.

Nancy a affirmé avoir compris le jour de sa dénonciati­on que Charest aurait eu des rapprochem­ents avec plusieurs autres skieuses. «Les filles étaient visiblemen­t contrariée­s», a-t-elle illustré.

CONFIDENT

C’est aussi à partir de mars 1998 que la vision que Bianca (nom fictif) avait de son ex-entraîneur a radicaleme­nt changé, a raconté cette dernière plus tôt hier.

Bertrand Charest n’était plus son coach à cette époque, mais elle le considérai­t toujours comme «un confident».

Après la dénonciati­on, celle qui aurait échangé un baiser avec l’accusé au début des années 1990 s’est mise à ressentir «de la rage» à son égard, a-t-elle dit.

« J’étais brisée éMotionnel­leMent. J’étais prise au piège par cet hoMMe et Je ne savais pas coMMent le sortir de Ma vie » – Nancy (nom fictif), victime alléguée

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Le procès de l’ex-entraîneur de ski Bertrand Charest se poursuit aujourd’hui, au palais de justice de Saint-Jérôme.

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