Le président revient à la charge avec un nouveau décret migratoire
Le texte bloque l’entrée aux ressortissants de six pays musulmans pour 90 jours
WASHINGTON | (AFP) Donald Trump a signé hier un nouveau décret interdisant pendant 90 jours l’entrée aux États-Unis aux voyageurs de six pays musulmans, amendé pour surmonter toute objection de la justice et éviter le tollé mondial de sa première tentative.
L’accueil de réfugiés est également suspendu pendant 120 jours, le temps de mettre en place de nouvelles procédures pour vérifier le passé des demandeurs.
M. Trump, invisible hier, a signé le décret dans le Bureau ovale et non lors d’un événement médiatisé. Il entrera en vigueur le 16 mars.
Principaux amendements par rapport au décret du 27 janvier bloqué par la justice fédérale: l’Irak ne fait plus partie des pays dont les ressortissants ne pourront plus entrer aux États-Unis, et les résidents permanents (les «cartes vertes») et les détenteurs de visas sont explicitement protégés.
300 ENQUÊTES
Pour les réfugiés, la pause durera 120 jours, comme auparavant. Mais les réfugiés syriens sont logés à la même enseigne, alors qu’ils étaient initialement bannis sine die. Et les réfugiés dont le voyage aux États-Unis était déjà planifié pourront venir.
L’action présidentielle est le prélude à la mise en place d’une politique de «vérification extrême» aux frontières – qui reste à définir – afin d’empêcher des infiltrations djihadistes.
ANTICONSTITUTIONNELLE ?
L’administration a justifié l’urgence de ces mesures en affirmant qu’environ 300 personnes entrées comme réfugiés faisaient actuellement l’objet d’une enquête antiterroriste du FBI.
Donald Trump avait été accusé de discrimination envers les musulmans, potentiellement anticonstitutionnelle, lors du premier décret, qui a été suspendu par un juge le 3 février, et finalement révoqué par lui hier. La nouvelle version est présentée comme plus solide juridiquement.
La préférence accordée aux minorités religieuses persécutées, qui avantageait les chrétiens, a été supprimée.
De multiples exemptions possibles, au cas pour cas, sont énumérées: ceux qui rendraient visite à de la famille, auraient un enfant nécessitant des soins d’urgence ou des étrangers ayant travaillé pour l’armée américaine.
Et le président décrit en longueur la situation sécuritaire des six pays frappés d’interdiction.
Il s’agit des trois de la liste du département d’État des pays «soutenant le terrorisme» (Iran, Syrie, Soudan), ainsi que trois États «compromis de façon significative par des organisations terroristes» ou théâtres de «zones de conflit actives» (Libye, Somalie, Yémen). Vérifier les antécédents des demandeurs s’y avère impossible, selon l’administration.
« RENDEZ-VOUS AU TRIBUNAL »
Mais les ONG et l’opposition démocrate ont dénoncé un texte à peine édulcoré, toujours discriminatoire.
L’association de défense des droits civiques ACLU a promis de le contester, tweetant: «Rendez-vous au tribunal.»
Par ailleurs, le secrétaire américain à la Sécurité intérieure John Kelly a déclaré hier qu’il envisageait de séparer les enfants de leurs parents immigrés clandestins dans le but de décourager un maximum de personnes d’entrer aux États-Unis illégalement.