Le Journal de Montreal

Quel sacrilège d’avoir échangé P.K. Subban !

- Guy Fournier guy.fournier@quebecorme­dia.com

Le hockey profession­nel, c’est du sport, mais c’est aussi du show-business. Au Québec, c’est même une religion. C’est pourquoi je prétends que c’est un sacrilège d’avoir échangé P.K. Subban. Si le directeur général des Canadiens, Marc Bergevin, connaît son hockey, il semble tout ignorer du show-business et... de la religion!

Quand on tient une vedette comme Subban, on ne la laisse pas aller. René Angelil le savait bien, lui qui avait tout misé sur Céline Dion. Herbert Breslin aussi, lui qui n’aurait jamais laissé s’échapper Pavarotti. Quand le ténor a quitté Breslin, celui-ci ne s’en est pas remis. Quel que soit son caractère, quels que soient ses fantaisies, ses caprices ou l’étendue de son égo, on ne se sépare pas d’une grande vedette.

Des acteurs et actrices aussi célèbres que Faye Dunaway, Janet Leigh ou John Cassavetes ont joué dans la série Columbo, mais c’est Peter Falk qu’on traitait aux petits oignons. On ne contrecarr­ait pas non plus Larry Hagman (J.R. Ewing) dans Dallas ou Roger Hanin dans Navarro, même s’ils n’étaient pas faciles à vivre.

L’EXEMPLE DE CARTER ET BESRÉ

C’est à une autre échelle, je sais, mais l’exemple vaut d’être cité. En 1980, après 83 épisodes de Jamais deux sans toi, Jean Besré quitta la série. Il avait prévenu qu’il ne jouerait pas plus que deux saisons et demie, ne voulant pas être identifié au rôle de Rémi Duval. Radio-Canada, qui souhaitait continuer la série à tout prix, nous a pressés de remplacer Besré, mais le réalisateu­r Rolland Guay et moi avons refusé tout net. On ne remplace pas une vedette.

Les Expos l’ont appris à leurs dépens. Après le départ de Gary Carter, ils ne furent jamais les mêmes. Américain pure laine né à Culver City, en Californie, Carter était devenu un vrai Montréalai­s. Il avait appris assez de français pour s’adresser aux amateurs dans leur langue et sa bonne humeur et son sourire suppléaien­t les mots qu’il ne connaissai­t pas. Comme Subban, Carter prenait beaucoup de place dans le vestiaire. Sa notoriété tombait sur les nerfs de ses coéquipier­s. Pourtant, malgré le sort injuste que lui avait réservé Charles Bronfman, c’est avec sa casquette des Expos que Carter est entré au temple de la renommée de Cooperstow­n. Pas avec celle des Mets de New York.

L’HISTOIRE D’AMOUR DE P.K.

Subban entrera peut-être au temple de la renommée du hockey avec son chandail de la Sainte-Flanelle. Son histoire d’amour avec les Québécois a commencé dès les éliminatoi­res de 2010. Elle se poursuit comme on a pu le constater lors de la partie contre les Predators. De longues minutes d’ovation, un déluge de larmes, mille baisers de la main à la foule et à Mme Béliveau, de l’émotion à faire vibrer le Centre Bell et les dizaines de milliers de personnes qui regardaien­t la télé.

Si P.K. a fondu en larmes, c’est parce qu’il n’arrive toujours pas à comprendre son exil à Nashville, alors qu’il a fait plus que tout autre joueur étranger pour s’intégrer au Québec. Sans parler de son bénévolat et d’un engagement financier historique envers l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Un jour, les diffuseurs, qui paient des milliards pour les droits du hockey, voudront avoir leur mot à dire avant l’échange d’une vedette capable de faire bondir les cotes d’écoute.

TÉLÉPENSÉE DU JOUR

Si j’ai bien compris, nos microbes dateraient de 3,77 milliards d’années. Ce sont donc de vrais microbes «de souche».

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