Le Journal de Montreal

Une autre compétitio­n de jiu-jitsu annulée à Montréal

Cet art martial ne figure pas sur la liste des sports reconnus par le CIO

- JONATHAN GUAY

Une deuxième compétitio­n de jiu-jitsu brésilien est annulée en l’espace de deux semaines à Montréal après une plainte à la police.

Après le championna­t national prévu au Centre Pierre-Charbonnea­u, c’est au tour des Jeux printanier­s 2017, prévus le 15 avril au Collège André-Grasset, de ne pas avoir lieu.

C’est que le jiu-jitsu contrevien­t au Code criminel canadien, qui ne tolère que les sports de combat reconnus par le Comité internatio­nal olympique (CIO). Cet art martial ne figure pas sur la liste des sports acceptés parce que les combattant­s peuvent utiliser des coups de poing et des coups de pied.

Mais l'organisate­ur des deux compétitio­ns annulées à Montréal stipule que le jiu-jitsu brésilien diffère du jiu-jitsu traditionn­el, car il n’utilise que des prises au sol.

DÉCEPTION

«C’est décevant, c’est très triste. On ne comprend pas l’intérêt ou les motivation­s derrière ces plaintes, indique l’organisate­ur et arbitre Johnny Zemouli. Ces compétitio­ns sont présentées depuis au moins cinq ans et elles n’ont jamais dérangé personne.»

À l’instar du championna­t canadien, M. Zemouli n’écarte pas la possibilit­é de retourner à Ottawa pour la tenue de cet événement, qui attire en moyenne 250 compétiteu­rs depuis quatre ans.

«On évalue nos options, mais il se pourrait qu’on procède de la même façon, raconte-t-il. La tolérance et l’interpréta­tion de la loi sont beaucoup plus souples à l’extérieur du Québec.»

M. Zemouli a pris la décision d’annuler après avoir été contacté par le Collège André-Grasset, informé de l’illégalité de la compétitio­n par la police. Le SPVM n’était toutefois pas en mesure de confirmer l’informatio­n au moment d’écrire ces lignes.

INQUIÉTANT

Selon M. Zemouli, l’arrêt des compétitio­ns pourrait avoir un impact négatif sur la pratique du jiu-jitsu brésilien à Montréal.

«Il y a un énorme sentiment de crainte en ce moment, pointe-t-il. Les compétitio­ns permettent aux combattant­s de se développer dans leur sport. Mais ce n’est pas tout le monde qui a les moyens financiers de voyager à l’extérieur.»

Celui-ci a tenu à rappeler les bienfaits de ces rendez-vous sportifs.

«Chaque compétitio­n attire en moyenne 500 personnes, c’est bon pour le tourisme et les retombées économique­s, a-t-il poursuivi. Plusieurs de nos compétiteu­rs proviennen­t de la côte est américaine et de l’extérieur du Canada.»

INCERTITUD­E

Un climat d’incertitud­e plane toujours sur les trois autres tournois de jiu-jitsu prévus à Montréal au cours du prochain mois.

«C’est presque sûr qu’ils vont être annulés ou reportés, mentionne avec regret M. Zemouli. Nos organisate­urs ne veulent pas prendre le risque de tout réserver pour ensuite tout annuler.»

Mais ceux-ci n’entendent pas baisser les bras.

«On va tout faire pour trouver une solution qui va régler nos problèmes à long terme, a-t-il dit. Il faut garder nos compétitio­ns au Québec.»

 ??  ?? Johnny Zemouli (au centre) mord encore la poussière dans sa tentative de tenir une compétitio­n de jiu-jitsu à Montréal. Il pose en présence de Danny An Khoi ( à gauche) et Martin Nguyen ( à droite) qui sont aussi impliqués dans l’organisati­on.
Johnny Zemouli (au centre) mord encore la poussière dans sa tentative de tenir une compétitio­n de jiu-jitsu à Montréal. Il pose en présence de Danny An Khoi ( à gauche) et Martin Nguyen ( à droite) qui sont aussi impliqués dans l’organisati­on.

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