Le Journal de Montreal

Une fugueuse trahie par ses broches

- MAGALIE LAPOINTE

GATINEAU | Grâce à la vigilance d’un cabinet d’orthodonti­e de l’Outaouais, une femme de 18 ans, portée disparue depuis plus d’un mois et possibleme­nt prise dans un réseau de proxénétis­me, a été retrouvée.

La jeune femme de Gatineau avait été vue pour la dernière fois le 27 janvier à Ottawa. Elle avait dit à une connaissan­ce vouloir fuir pour pouvoir se prostituer. Elle avait pris soin de détruire ses pièces d’identité ainsi que son passeport avant de fuguer. Sa mère craignait qu’elle soit vendue dans un autre pays.

Or, mardi, la jeune femme a appelé son orthodonti­ste à Gatineau pour faire retirer ses broches.

L’orthodonti­ste savait qu’elle était portée disparue et a contacté la mère de la fille qui a averti les policiers. Ceux-ci l’attendaien­t lorsqu’elle est arrivée pour son rendez-vous hier matin.

REVOIR SA FILLE

Depuis le début de sa fugue, la mère, dont on doit taire l’identité pour protéger celle de sa fille, voulait envoyer des photos de sa fille dans les cabinets orthodonti­ques partout au pays. Elle se doutait qu’elle finirait par prendre un rendez-vous pour les retirer.

«Si son présumé proxénète lui a dit qu’elle ne faisait pas assez de clients et que les clients se plaignaien­t de ses broches, c’est clair qu’elle a voulu trouver un moyen pour les faire enlever», a dit la criminolog­ue Maria Mourani.

Après plus d’un mois à imaginer le pire pour sa fille, la mère était bien contente de la retrouver.

«Lorsque je l’ai vue, j’ai eu un mélange d’émotions. Je l’ai aperçue toute jolie, les cheveux teints blond roux», a raconté avec beaucoup d’émotion la mère de la jeune femme.

MANDAT

Si la fugueuse de 18 ans a été arrêtée, puis transporté­e dans un milieu hospitalie­r pour recevoir des soins psychiatri­ques, c’est parce que sa mère a obtenu un ordre de la cour. Elle a remarqué un mal de vivre chez sa fille depuis cinq ans et croit que celle-ci est inapte à prendre de bonnes décisions.

«Ces gars-là [parlant des proxénètes] sont à l’abri de tout tant que la fille ne porte pas plainte. Ils savent que les policiers ont les mains liées, encore plus lorsque les filles sont majeures. C’est une chance pour cette mère d’avoir obtenu un mandat, sinon les policiers n’auraient rien pu faire», a ajouté Mme Mourani.

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maria mourani Criminalis­te

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