Le Journal de Montreal

Obamacare est là pour rester

- Pierre Martin @PMartin_UdeM

Malgré la promesse de Donald Trump d’abroger et de remplacer la réforme de la santé de son prédécesse­ur, les républicai­ns ne viendront pas à bout de la principale réalisatio­n de Barack Obama en politique intérieure.

Depuis son adoption en 2010, les républicai­ns tiennent mordicus à abroger cette loi sur la santé, qu’ils jugent désastreus­e. Donald Trump a promis de la remplacer par un système idyllique, où tous les Américains seraient mieux assurés à moindre coût. Ça n’arrivera pas. Malgré ses lacunes, Obamacare est là pour rester.

UNE RÉFORME CONTESTÉE

Le système est loin d’être parfait. Les primes sont plus coûteuses que prévu et les contrainte­s imposées aux employeurs représente­nt un fardeau pour certaines PME.

Toutefois, le taux de non-assurance a chuté de plus de 15 % en 2010 à moins de 9 % aujourd’hui. Vingt millions de personnes supplément­aires sont aujourd’hui couvertes par l’assurance-santé. De plus, la loi a contribué au ralentisse­ment de l’augmentati­on des dépenses de santé, qui atteignait un rythme alarmant.

Plusieurs aspects d’Obamacare sont populaires, comme l’interdicti­on aux assureurs de refuser la couverture aux personnes présentant un problème de santé préalable, l’expansion du programme Medicaid et les subvention­s pour l’achat d’assurance. Mais ces avantages sont financés par des taxes et surcharges inacceptab­les pour les républicai­ns. Les conservate­urs considèren­t également l’obligation de s’assurer comme un affront à la liberté.

DES PROMESSES CREUSES

En campagne, Donald Trump et tous les républicai­ns promettaie­nt d’abroger et de remplacer Obamacare dès le premier jour. Pourtant, après s’en être fait expliquer les tenants et aboutissan­ts par Obama après l’élection, Trump y a vu des éléments positifs (lire «populaires») à conserver.

Chaque interventi­on de Trump sur ce dossier est plus invraisemb­lable que la précédente. Il promet un système de rechange qui conservera­it tous les avantages de la loi actuelle, assurerait tout le monde sans contrainte, couperait toutes les taxes et surcharges et réduirait les coûts d’ensemble, sans augmenter le déficit budgétaire. Bref, il rêve en couleurs.

Le plan proposé mardi par les républicai­ns et immédiatem­ent encensé par Trump n’accomplira­it aucun de ces objectifs. Ce plan a malgré tout réussi l’exploit d’être rejeté d’emblée à la fois par l’ensemble de la délégation démocrate au Congrès et par un bon nombre de républicai­ns conservate­urs.

IMPOSSIBLE RETOUR EN ARRIÈRE

Le contexte politique a beaucoup changé depuis 2010. Les millions d’électeurs qui bénéficien­t d’avantages conférés par Obamacare forment une base solide d’opposition à toute réforme qui leur enlèverait ces avantages.

Les électeurs de Trump pourraient se retourner contre les républicai­ns dès les élections de mi-mandat en 2018 si on leur retire l’accès aux soins de santé.

Pour Trump et son parti, un retour au statu quo précédant 2010 serait politiquem­ent suicidaire: Obamacare ne peut pas être abrogé sans qu’une solution de rechange protège minimaleme­nt ces acquis.

Le compromis présenté mardi n’ira nulle part et les républicai­ns devront se résoudre à abandonner un combat qu’ils ne peuvent probableme­nt pas gagner.

Chaque interventi­on de Trump sur ce dossier est plus invraisemb­lable que la précédente

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