Obamacare est là pour rester
Malgré la promesse de Donald Trump d’abroger et de remplacer la réforme de la santé de son prédécesseur, les républicains ne viendront pas à bout de la principale réalisation de Barack Obama en politique intérieure.
Depuis son adoption en 2010, les républicains tiennent mordicus à abroger cette loi sur la santé, qu’ils jugent désastreuse. Donald Trump a promis de la remplacer par un système idyllique, où tous les Américains seraient mieux assurés à moindre coût. Ça n’arrivera pas. Malgré ses lacunes, Obamacare est là pour rester.
UNE RÉFORME CONTESTÉE
Le système est loin d’être parfait. Les primes sont plus coûteuses que prévu et les contraintes imposées aux employeurs représentent un fardeau pour certaines PME.
Toutefois, le taux de non-assurance a chuté de plus de 15 % en 2010 à moins de 9 % aujourd’hui. Vingt millions de personnes supplémentaires sont aujourd’hui couvertes par l’assurance-santé. De plus, la loi a contribué au ralentissement de l’augmentation des dépenses de santé, qui atteignait un rythme alarmant.
Plusieurs aspects d’Obamacare sont populaires, comme l’interdiction aux assureurs de refuser la couverture aux personnes présentant un problème de santé préalable, l’expansion du programme Medicaid et les subventions pour l’achat d’assurance. Mais ces avantages sont financés par des taxes et surcharges inacceptables pour les républicains. Les conservateurs considèrent également l’obligation de s’assurer comme un affront à la liberté.
DES PROMESSES CREUSES
En campagne, Donald Trump et tous les républicains promettaient d’abroger et de remplacer Obamacare dès le premier jour. Pourtant, après s’en être fait expliquer les tenants et aboutissants par Obama après l’élection, Trump y a vu des éléments positifs (lire «populaires») à conserver.
Chaque intervention de Trump sur ce dossier est plus invraisemblable que la précédente. Il promet un système de rechange qui conserverait tous les avantages de la loi actuelle, assurerait tout le monde sans contrainte, couperait toutes les taxes et surcharges et réduirait les coûts d’ensemble, sans augmenter le déficit budgétaire. Bref, il rêve en couleurs.
Le plan proposé mardi par les républicains et immédiatement encensé par Trump n’accomplirait aucun de ces objectifs. Ce plan a malgré tout réussi l’exploit d’être rejeté d’emblée à la fois par l’ensemble de la délégation démocrate au Congrès et par un bon nombre de républicains conservateurs.
IMPOSSIBLE RETOUR EN ARRIÈRE
Le contexte politique a beaucoup changé depuis 2010. Les millions d’électeurs qui bénéficient d’avantages conférés par Obamacare forment une base solide d’opposition à toute réforme qui leur enlèverait ces avantages.
Les électeurs de Trump pourraient se retourner contre les républicains dès les élections de mi-mandat en 2018 si on leur retire l’accès aux soins de santé.
Pour Trump et son parti, un retour au statu quo précédant 2010 serait politiquement suicidaire: Obamacare ne peut pas être abrogé sans qu’une solution de rechange protège minimalement ces acquis.
Le compromis présenté mardi n’ira nulle part et les républicains devront se résoudre à abandonner un combat qu’ils ne peuvent probablement pas gagner.
Chaque intervention de Trump sur ce dossier est plus invraisemblable que la précédente