Musulmans censurés

Depuis l’annulation de la pièce Djihad qui devait être présentée dans des écoles secondaires de Québec à l’automne, mon cynisme-o-mètre colle au rouge.

L’oeuvre d’un Belge musulman, la pièce, dont j’ai vu des extraits, explique la radicalisation avec humour et intelligence. Jouée de par le vaste monde sans créer de remous, notamment pour les rescapés du Bataclan, Djihad avait séduit le maire Labeaume pendant la conférence de l’UNESCO sur la radicalisation.

Coup de tonnerre, la tournée est annulée. L’automne 2017 serait trop tôt après l’attentat à la mosquée de Sainte Foy.

«En gros, c’est pour ne pas froisser les musulmans de Québec», a dit l’auteur Ismaël Saidi qui a répondu aux organisateurs: «Je suis l’auteur de la pièce, je l’ai mise en scène, je joue dedans et je suis musulman pratiquant, aussi. Je ne peux pas accepter que vous pensiez à ma place, que vous pensiez que ça risque de froisser.»

Le problème, semble-t-il, c’est que la pièce ne met en scène que des musulmans alors qu’Alexandre Bissonnette aurait été radicalisé par la droite antiislam.

LE RELATIVISME AU POUVOIR

Encore ces maudites équivalences. Pour un «islamophobe» meurtrier à Québec, combien d’islamistes violents ailleurs? Pensez-vous que les musulmans l’ignorent, eux qui sont les premières victimes du djihad? Hier encore, 40 personnes ont été massacrées par l’État islamique dans un hôpital de Kaboul.

En février, la Maison de la littérature de Québec avait annulé une conférence de Djemila Benhabib de crainte que ses positions ne créent un malaise chez les musulmans endeuillés.

Deux auteurs musulmans qui militent contre l’islamisme, deux cas de censure. Pourquoi? Ismaël Saidi et Djemila Benhabib sont-ils trop musulmans pour les Québécois de souche chrétienne ou pas assez pour les Québécois musulmans?

Et puis, c’est quoi cette manie de penser pour les autres? Un exemple parfait du racisme le plus pernicieux qui soit, le racisme des attentes réduites: «Pauvres musulmans, ils ne vont peut-être pas comprendre…»