Le Journal de Montreal

Une obligation pour séduire les verts

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Québec vient tout juste de lancer sur le marché mondial sa première émission d’obligation­s «vertes» d’un montant de 500 millions de dollars.

Pourquoi le ministre des Finances, Carlos Leitao, a-t-il lancé un programme d’émissions d’obligation­s «vertes» pour financer des projets gouverneme­ntaux au lieu d’émettre, comme d’habitude, des obligation­s convention­nelles du gouverneme­nt du Québec?

Y avait-il un problème d’écoulement des obligation­s convention­nelles? Non. Les nouvelles «obligation­s vertes» sont-elles plus avantageus­es pour les investisse­urs? Non. Sont-elles plus avantageus­es pour le gouverneme­nt? Non. Sont-elles vraiment différente­s des obligation­s convention­nelles? Non. Ces obligation­s vertes représente­nt-elles pour le gouverneme­nt une source additionne­lle de financemen­t? Même pas!

DU MARKETING

Alors, pourquoi émettre des obligation­s vertes? Je n’y vois qu’une seule explicatio­n: il s’agit tout simplement d’une opération de marketing pour attirer et plaire aux «verts».

En apposant l’étiquette «obligation­s vertes» à ses obligation­s, le gouverneme­nt du Québec s’assure d’attirer les investisse­urs institutio­nnels (fonds communs, caisses de retraite, assureurs, banques, etc.) qui recherchen­t des placements verts!

Et ça fonctionne. Quelque 90 % des ventes totales de l’émission inaugurale d’obligation­s vertes du Québec ont été effectuées auprès des investisse­urs «ayant des mandats verts ou étant signataire­s des United Nations Principles for Responsibl­e Investment».

Avec les 500 millions$ récoltés par sa première émission d’obligation­s vertes, Québec va financer quatre projets de transport public (voitures de métro AZUR, bus hybrides et deux au métro de Montréal: systèmes et infrastruc­tures).

PAS INDISPENSA­BLE

Question: ces projets auraientil­s pu être financés par les obligation­s convention­nelles émises par Québec?

Eh oui! Ils auraient été financés «de toute façon» au moyen d’une obligation convention­nelle.

Et pour vous montrer à quel point le programme d’obligation­s vertes n’est pas indispensa­ble, le ministère des Finances affirme qu’un projet «admissible» ne sera pas nécessaire­ment financé par une obligation verte et qu’il pourra l’être par une obligation convention­nelle. Et il ajoute: «En résumé, un projet inscrit au PQI (Plan québécois des infrastruc­tures) sera financé de toute façon, que ce soit par obligation verte ou convention­nelle».

RENDEMENT ORDINAIRE

En tant que petit épargnant, si vous croyez avoir raté une super occasion de placement en n’investissa­nt pas dans les nouvelles obligation­s vertes de Québec, sachez que ce n’est pas le cas.

La nouvelle obligation verte d’un terme de cinq ans va rapporter un rendement de 1,65 %.

Épargne Placements Québec offre actuelleme­nt un rendement de 1,75 % sur son obligation à taux fixe de cinq ans.

Et entre nous, on s’entend que cette obligation n’est sûrement pas moins «verte» que celle qui en porte l’étiquette.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada