La défaite de Yolande James est une gifle pour Trudeau
OTTAWA | La défaite de Yolande James dans le château fort libéral de Saint-Laurent est un «rappel à l’ordre» de la part des militants à Justin Trudeau et au parti de ne pas tenter de leur imposer des candidats dans le comté.
La victoire de la jeune enseignante Emmanuella Lambropoulos dans l’investiture du Parti libéral du Canada, dans la circonscription montréalaise mercredi a provoqué la surprise, alors que Mme James a terminé troisième, derrière la fiscaliste Marwah Rizqy.
L’ex-ministre du Québec et commentatrice politique – proche sur les plans personnel et professionnel de conseillers au bureau du premier ministre Trudeau – était pourtant donnée favorite dans la course pour succéder à Stéphane Dion.
Le spécialiste de la communication politique de l’Université Laval Thierry Giasson estime que la victoire de Mme Lambropoulos n’est pas surprenante et témoigne d’«un manque de connaissance du terrain de la part des gens du premier ministre».
Le professeur de sciences politiques Éric Montigny rappelle que les libéraux, lorsqu’ils formaient la troisième opposition, avaient un programme «audacieux» sur le plan de la «décentralisation» du pouvoir au sein du parti au profit des membres.
«C’est clair qu’on voit une volonté de la direction du Parti libéral depuis l’élection de recentraliser le pouvoir au profit du chef», indique le directeur de la chaire de recherche sur la démocratie et les institutions parlementaires de l’Université Laval.
ACCUSATION DE FAVORITISME
Certains ont vu dans le rejet de la candidature du maire d’arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, sans explications du parti, une tentative de favoriser Mme James.
Le principal intéressé ne se dit pas surpris par le résultat du vote et estime que Mme Lambropoulos «a eu le bénéfice» de ses sympathisants qui ont voulu «manifester leur colère».
«Je pense que c’est juste un rappel à l’ordre que les membres ont renvoyé au bureau du premier ministre et à la direction du Parti libéral en disant: “Écoutez, on s’est doté de règles et on dit que l’on suit des principes, alors on va les suivre et vous allez vous assurer de les suivre”», indique pour sa part M. Giasson.
TRAITEMENT DE DION
Selon M. Montigny, le résultat de l’investiture témoigne aussi d’un «signe de mécontentement» chez les militants de Saint-Laurent qui n’ont peut-être pas digéré la façon dont leur ex-député, Stéphane Dion, a été remercié du cabinet Trudeau.
Le bureau du premier ministre a refusé de commenter l’élection de Mme Lambropoulos, se contentant de dire que M. Trudeau l’avait appelée hier matin pour «la féliciter pour son travail acharné et son élection comme candidate».
Mme James n’a pas voulu accorder d’entrevue au lendemain de sa défaite, mais a félicité sa rivale sur son compte Twitter. L’élection partielle dans le comté aura lieu le 3 avril prochain.