Canada Alpin aurait suggéré à l’ex-coach de ski d’aller en thérapie
L’homme de 51 ans est accusé d’agression sexuelle sur plusieurs jeunes skieuses
Deux semaines après avoir écarté l'ex-entraîneur Bertrand Charest de l'équipe canadienne junior de ski, Canada Alpin lui aurait suggéré d'aller en thérapie.
l∫ En février 1998, la direction de Canada Alpin a été informée qu'il y avait de «fortes allégations» voulant que Bertrand Charest ait eu des relations sexuelles avec certaines de ses skieuses.
C'était au beau milieu des Jeux olympiques d’hiver de Nagano, au Japon.
La dénonciation proviendrait d’une personne près du monde du ski qui a contacté le président de l'époque, Patrick Laforge.
C’est ce qu’a affirmé Joze Sparovec, hier, au palais de justice de Saint-Jérôme. Ce dernier était le directeur des programmes de Canada Alpin et le supérieur immédiat de Bertrand Charest. C'est lui-même qui l'avait embauché deux ans plus tôt.
Une semaine après avoir reçu l’appel de Laforge, Joze Sparovec a quitté le Japon pour aller rencontrer ce dernier à Vancouver.
Au lendemain de sa réunion avec le président, Joze Sparovec a sauté dans un avion en direction de la France où se trouvait l’équipe canadienne junior et Charest, a-t-il relaté au juge Sylvain Lépine.
«On devait gérer ça sur-lechamp», a répété l’ex-dirigeant hier.
Sparovec a rencontré chacune des athlètes ainsi que les membres du personnel de l'équipe individuellement pour avoir l'heure juste.
Trois jeunes skieuses auraient alors confessé avoir eu des relations sexuelles avec leur entraîneur. Une autre a nié.
«J'ai réalisé rapidement qu'on avait un problème majeur», a-t-il résumé.
CHASSÉ SUR-LE-CHAMP
Sparovec aurait alors confronté Charest. Ce dernier lui aurait répondu qu'il vivait avec les athlètes et qu'ils étaient très proches. «Ça dépassait quand même les limites», a spécifié le témoin, qui a décidé de chasser Charest du chalet où résidait l'équipe le soir même.
«Je lui ai dit de faire ses valises et de quitter», a-t-il dit.
Deux semaines plus tard, Canada Alpin lui aurait envoyé une lettre pour lui réclamer l'équipement appartenant à l'équipe. Dans cette missive, l'organisation suggérait aussi à Charest d'aller consulter, a noté le témoin sans donner plus de détails.
Charest n'a pas été congédié ni accusé de quoi que ce soit en 1998. Il a démissionné.
L'homme de 51 ans subit actuellement son procès quant à 57 chefs d'agression sexuelle et de contacts sexuels alors qu'il était en position d'autorité à l'égard de 12 jeunes skieuses de 12 à 19 ans.
PERFORMANCES COMPROMISES ?
À l’époque, les skieuses auraient été avisées par Canada Alpin que c'était à elles de porter plainte, et non à l’organisation.
«L'inquiétude des familles était que de pousser ça plus loin aurait compromis ce à quoi les filles aspiraient [au niveau du ski]», a indiqué Joze Sparovec.