Des constructeurs chicaniers
Les constructeurs automobiles sont loin de vivre entre eux dans la plus parfaite harmonie.
Oui, ils se serreront la main à l’occasion d’un évènement quelconque ou encore des membres de la haute direction iront jusqu’à jouer au golf ensemble, mais en coulisse, ils se vouent une haine profonde. C’est la loi de la concurrence.
Je pourrais citer de nombreux exemples de cette fausse camaraderie, mais je me contenterai de vous raconter ce dont j’ai été non seulement témoin, mais partie prenante.
Un aspect de ces batailles féroces tient à la protection de leur identité ou de ce que l’on appelle leurs droits intellectuels. Ainsi, ne vous avisez pas d’utiliser le nom, les chiffres ou les emblèmes d’un manufacturier sans obtenir une permission ferme de celui-ci.
FERRARI: INTOLÉRANCE TOTALE
L’un des noms les plus convoités est évidemment celui de Ferrari. Et la firme italienne possède une légion d’informateurs qui surveillent chaque petite entorse à la protection de ses droits.
Même un commerce montréalais a eu maille à partir avec les avocats de Ferrari. Il s’agit du restaurant éponyme dont le propriétaire est le sympathique Elio. Dans ce cas-ci, la chamaille a été de courte durée quand le propriétaire a été en mesure de prouver qu’il avait fait l’acquisition du restaurant de son ancien cessionnaire qui avait la chance de s’appeler justement Ferrari. Fin de la discussion.
INFINITI VS BMW
Un autre domaine où les manufacturiers sont très pointilleux a trait aux appellations de leurs produits.
C’est ainsi que j’ai été appelé à titre de témoin expert dans une cause opposant BMW à Nissan/Infiniti. L’objet du litige avait trait à l’utilisation par Infiniti d’une série de modèles dont la dénomination était la lettre M. Or, BMW réclamait la paternité de cette lettre de l’alphabet avec son modèle M3.
Nissan m’avait demandé de les défendre en démontrant que d’autres fabricants dans le passé avaient aussi fait usage de la lettre M dans la nomenclature de leurs modèles. Chrysler notamment avait commis le même péché avec une intermédiaire de classe moyenne.
Aux yeux du juge, cela était suffisant pour déculpabiliser Infiniti et prouver que ni l’avocat de BMW nie journaliste auto Jim Kenzie, leur témoin expert, n’avait fait leurs devoirs correctement.
Au début, le juge avait soutenu les arguments de BMW pour ensuite renverser son verdict. Et BMW et Kenzie furent déboutés tandis qu’Infiniti fut autorisé à utiliser la lettre M.
Incidemment, le procès eut lieu dans un studio de télévision improvisé à Florence, en Italie, où je me trouvais en vacances. Je devais répondre aux questions du juge qui se trouvait à Toronto par l’entremise de caméras. Une expérience assez insolite.
Pour des raisons qui demeurent encore totalement inconnues, la compagnie japonaise en faveur de laquelle j’avais témoigné biffa à jamais nom de sa liste de communications. Étrange en effet.
En coulisse, ils se vouent une haine profonde