Le Journal de Montreal

2 ans d’attente pour du pot qui le soulagerai­t

Atteint de dystrophie musculaire et en CHSLD, la marijuana l’aiderait à surmonter sa douleur

- Elisa Cloutier ECloutierJ­DQ

QUÉBEC | Atteint de dystrophie musculaire et contraint de vivre en CHSLD, un homme de 40 ans tente sans succès depuis deux ans d’obtenir du cannabis médical.

Après avoir essayé toute une gamme d’opiacés et d’anxiolytiq­ues pour apaiser ses douleurs chroniques et améliorer sa qualité de vie, Jonathan Marchand, qui a grandi à Beauport et vit présenteme­nt dans un CHSLD de Sainte-Anne-de-Beaupré, veut maintenant être traité à l’huile de cannabis.

«J’en ai parlé à mon médecin au début 2015, et depuis, c’est toujours des barrières administra­tives qui s’ajoutent, même mon médecin est un peu exaspéré», indique M.Marchand, qui est passé entre autres par la morphine, le Dilaudid, le fentanyl et la trazodone, pour ne nommer que ceux-là.

PAS PERMIS EN CHSLD

Pour le Dr Antonio Vigano, qui a récemment prescrit de l’huile de cannabis à un de ses patients atteint de leucémie, ces délais sont «vraiment longs».

Le médecin au programme de soins de soutien et palliatifs du Centre universita­ire de santé McGill (CUSM) précise que dans son cas, la prescripti­on est arrivée directemen­t à la pharmacie de l’hôpital, environ deux semaines après l’avoir commandée.

«Mais ça dépend de la volonté de l’institutio­n à le faire», précise-t-il.

Devant cette demande jamais reçue auparavant, le CIUSS de la Capitale-Nationale a publié en décembre 2015 une «circulaire» visant à baliser «l’organisati­on des services entourant l’accès à la marijuana à des fins médicales pour les personnes hospitalis­ées ou hébergées».

Dans le document de sept pages, on peut notamment lire qu’il «appartient à l’établissem­ent de fournir de la marijuana aux patients admis ou hébergés en établissem­ent de santé dans le but de s’assurer de la qualité et de la salubrité du produit».

Avant tout, le médecin traitant doit obtenir le consenteme­nt écrit du patient et s’inscrire au protocole de recherche provincial du Centre de santé McGill, encadré par le Collège des médecins.

«Habituelle­ment, quand la décision clinique est convenue entre le médecin et le patient, c’est un peu comme n’importe quel autre médicament, donc ça peut prendre quelques semaines [avant que ce soit livré]», explique Éric Lepage, chef du départemen­t de pharmacie du CIUSS de la Capitale-Nationale.

« BARRIÈRES ADMINISTRA­TIVES »

Même s’il répond à toutes les exigences, M. Marchand est toujours en attente et déplore la lourdeur administra­tive à laquelle il est confronté.

«Mon médecin a même validé deux fois avec le CMDP [Conseil des médecins, dentistes et pharmacien­s de l’établissem­ent] et maintenant, on lui demande de valider avec la direction de gérontolog­ie», explique M. Marchand.

Le CIUSS de la Capitale-Nationale est pourtant clair.

En aucun moment, la direction de gérontolog­ie n’est impliquée dans le processus décisionne­l.

On n’est toutefois pas en mesure de commenter le dossier de M. Marchand, pour des raisons de confidenti­alité.

 ??  ?? L’homme de 40 ans veut maintenant tenter en dernier recours l’huile de cannabis, puisqu’il utilise un respirateu­r artificiel et a un tube de gavage. Selon lui, cette solution pourrait améliorer sa qualité de vie en diminuant de nombreux effets...
L’homme de 40 ans veut maintenant tenter en dernier recours l’huile de cannabis, puisqu’il utilise un respirateu­r artificiel et a un tube de gavage. Selon lui, cette solution pourrait améliorer sa qualité de vie en diminuant de nombreux effets...
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